En vacances avec son père sur la Riviera française, une fille de 18 ans craint que l’arrivée de l’amie de sa mère décédée perturbe son avenir.
Publié hier à 11h30

Lancé au Toronto International Film Festival, Bonjour la tristesse marque les débuts de l’auteur Durga Chew-Bose (la collection de tests Trop et pas l’ambiance) à la réalisation. Dès le départ, le Montréalais d’origine indienne montre une signification innée de l’image et du style. Tourné dans le cassis, très proche de Marseille, cette adaptation contemporaine au charme intemporel du roman d’apprentissage de Françoise Sagan, publié en 1954, y porte également les réminiscences de l’adaptation d’Otto Preminger de 1958.
Vêtu d’un maillot jaune similaire à celui de Jean Seberg à Preminger, doté de la grâce mutine d’Audrey Hepburn Sabrina De Billy Wilder, La Gracile Lily McInerny incarne Cécile de Freshness, une jeune fille amoureuse de la liberté. Si le film est campé aujourd’hui, les costumes de Miyako Bellizzi (la mini-série Scènes d’un mariagede Levi Hagai) à conférer Bonjour la tristesse L’élégance des années 1950. Les lignes pures de Bellizzi sont parfaitement situées à Chloë Sevigny, qui apporte une vulnérabilité surprenante à la rigide Anne Larsen.
L’amie de la mère décédée de Cécile, Anne vient perturber les journées tranquilles que la fille coule avec son père Raymond (Claes Bang, avec un charme plus dévastateur que raffiné) et la nouvelle conquête de ce dernier, Elsa (Nailia Harzoune, à la fois solaire et sombre). À partir de ce moment, Cyril (Aliocha Schneider, qui gratifie le film de ses talents en tant qu’acteur et chanteur), l’amour des vacances de Cécile, et sa mère (Nathalie Richard, lumineuse) sera les témoins lucides de la valse des désirs et des sentiments qui se joue dans la villa opante.
Alors qu’il semblait cruel dans le roman de Sagan et l’adaptation très fidèle du directeur américain d’origine austro-hongroise, le Cécile de Durga Chewbose affiche un mélange intelligent de cynisme, de douceur et d’innocence. Privé de la narration de l’histoire, et par le fait même de l’esprit sagace de Sagan, il s’avère être évanescent.
En l’absence d’une voix, la cinéaste exprime la mélancolie de Cécile à travers son point de vue. Ainsi, elle embrasse les magnifiques paysages de la Côte d’Azur, où les personnages sont encadrés comme dans les peintures de Colville, et craquet des instantanés de sa vie quotidienne dans une suite de vies immobilières évoquant Cézanne à l’ère Instagram.
Rappelant les films de Rohmer par sa légèreté apparente, ses Marivaudes ont échangé sur la plage et son rythme langoureux, Bonjour la tristesse est une adaptation esthétique qui évacue certaines complexités du roman. D’un autre côté, il y a intact la négligence si chère à Sagan.

Drame
Bonjour la tristesse
Durga Chew-Bose
Lily McInerny, Chloë Sevigny, Aliocha Schneider, Claes Bang
1 h 50
7/10