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«C’est un bourgmestre belge qui est l’un des premiers à avoir dénoncé les dérives du« patriarche », ce gourou qui faisait rage dans le monde» -.

Quels sont les débuts du projet de ce célèbre Lucien Engelmajer?

Lucien Engelmajer est un vendeur de meubles qui, dans les années 1970, aspire à vivre en communauté. À cette époque, il rencontre un jeune professeur et, ensemble, ils montent près de Toulouse une communauté où ils accueillent les toxicomanes qui essaient de sortir de l’enfer de la drogue et à qui ils imposeront des retraits stricts.

Les dérives ont-elles commencé directement?

La méthode qu’il met en œuvre est très controversée et très violente: il impose un arrêt de tout médicament, du jour au lendemain, sans aucun substitut. Il promet une guérison rapide et naturelle à travers ce qu’il appelle un «sevrage de blocs», qui est composé de thés à base de plantes, de massages et de plantes. Chaque nouveau venu est entouré d’anciens toxicomanes qui le soutiendront, l’encouragent et serviront d’exemples. Nous sommes dans une période où l’héroïne se propage et le bouche à oreille fonctionne pour louer l’approche de Lucien Engelmajer. Mais déjà à l’époque, les médecins condamnent les pratiques de l’une surnommée «le patriarche» en raison de sa longue barbe blanche et de son attitude assez charismatique.

Photo de Lucien Engelmajer prise le 21 mars 1985
Photo de Lucien Engelmajer prise le 21 mars 1985 © Belga

Quand la situation est-elle vraiment rock?

Peu à peu, le projet augmente, les toxicomanes sont de plus en plus nombreux. Lucien Engelmajer cherchera à apporter de l’argent dans l’association pour répondre aux besoins de tous ses résidents. Ceux que nous avons rencontrés nous disent que le point de balancement se produit à ce moment-là, lorsque l’entreprise à l’échelle humaine, un peu Baba cool ET Paix et amourPrend une autre dimension, dans les années 1980, et est allé à une logique commerciale. Le patriarche a ensuite utilisé des résidents pour vendre des livres et des journaux. Cette dynamique semble monter à la tête de Lucien Engelmajer, qui se tord et installe une mécanique de l’adhérence et de l’exploitation.

Il établit un «rituel» avec certaines femmes…

Oui, c’est ce qui est décrit comme «rituel de thé». Il demande aux jeunes femmes de lui apporter une tisane dans sa chambre et il profite de la situation pour les attaquer sexuellement, les violer. Mais, parfois, il ne se soucie pas de ces rituels, il abuse de ces femmes vulnérables à d’autres moments.

Bénéficie-t-il de l’état psychologique de ces toxicomanes?

Absolument ! L’état de vulnérabilité de ces femmes rend la situation d’autant plus grave. Avant de rejoindre la communauté, certains s’étaient prostitués pour obtenir des drogues. Il profite de cette situation. Puis, une fois sevré, il continue de les abuser en disant que c’était lui qui les a sauvés et qu’il est tout-puissant. Il sait que personne ne dira rien sur l’état de dépendance des résidents envers lui. Ceux qui vivent au sein de l’association imaginent que si Lucien Engelmajer tombe, ils perdent tout. Je crois également que les victimes existent la peur de ne pas être crues. Le patriarche abuse également les mineurs, qui sont souvent des enfants de toxicomanes.

Vous avez rencontré deux enfants de Lucien Engelmajer, qui refusent de croire en ces viols. Avez-vous été surpris par leur réaction?

Je pense que c’est très difficile pour eux, qui ont construit une forme de protection, de coquilles. Ils savent qu’il y a eu de graves dérives au sein de cette association. Ils reconnaissent qu’en un point, l’argent est monté à la tête de leur père, qu’il pouvait avoir une personnalité très dure, parfois humiliante. Dans le même temps, ils nourrissent une extrême admiration pour sa personne et pour ce qu’il a entrepris. Ils garantissent qu’ils n’ont jamais entendu de témoignages de personnes évoquant des viols. Peut-être que ce documentaire leur permettra de voir la vérité en face et qu’ils comprendront que leur père était un prédateur sexuel qui a abusé de son pouvoir. De plus, beaucoup au sein de l’association n’ont pas vu ou ne voulaient pas voir ce qui se passait…

Dans la série, vous évoquez l’existence de plus de 200 centres de patriarche au monde. Cela semble énorme…

Il n’y a pas de documents officiels qui identifient les centres, mais il y a entre 200 et 250. Dans certaines villes, ce sont des appartements plutôt petits qui peuvent accueillir des toxicomanes, comme près de New York. Des dizaines de milliers d’héroïnomaniaques et de patients atteints du SIDA se sont tournés vers ces structures dans 17 pays en 30 ans.

Archives montrant Lucien Engelmajer
Archives montrant Lucien Engelmajer © Adriana Ferrarese

En Belgique, vous citez deux: à Tribomont (près de Verviers) et Andenne. Y en avait-il d’autres?

Il doit être vérifié mais, à ma connaissance, ce sont les deux principaux…

Dans les années 1980, Claude Pressions, puis Bourg Knife ou Annennedénonce les dérives. Sa parole est-elle utile à l’époque?

Oui, c’est un Bourgmestre belge, Claude Eerdekens, qui est l’un des premiers dénonciateurs face aux excès de Lucien Engelmajer. Il est averti par un résident qui a fui le centre d’Andenne. Et la libération d’Eerdekens est utile car, pour le moment, c’est l’une des seules personnes d’autorité à dénoncer les dérives sectaires. Il évoque la structure dangereuse, le bâtiment malsain, les conditions de vie inhumaines, l’exploitation des personnes qui travaillaient gratuitement, l’absence de suivi médical – le culte de la personnalité du patriarche… Claude Eerdekens monte vers la niche et obtient par sa action la fermeture du centre à Annenenne et, plus largement, de ceux en Belgium. De nombreux anciens résidents le blâment encore aujourd’hui, car ils continuent d’estimer que leurs pas étaient positifs, qu’ils essayaient de retirer les toxicomanes de la drogue…

Lucien Engelmajer a une soif de pouvoir, de sexe, mais aussi de l’argent. Est-ce riche?

Au début, non. De plus, ses enfants disent qu’il n’a pas l’ambition de gagner de l’argent, que ce n’est pas un objectif dans sa vie. C’est ce que nous avons également ressenti en tournant ce documentaire. Ce qu’il aime, c’est être entouré de gens qui l’admirent, d’être au centre de l’attention. Il se sent investi d’une mission. Ensuite, l’argent s’élève certainement à sa tête et lui permet de se sentir important. Il détourne également les fonds et est devenu millionnaire.«Le gourou a toujours choisi une très jeune fille de nous pour le servir. Nous étions jaloux. Mais maintenant que nous savons ce qui se passait…»

Plusieurs personnes que vous demandez son approche parce qu’il a libéré de nombreux toxicomanes de leur dépendance. Donc, tout ne doit pas vous jeter dans son projet?

Exactement ! C’est ce qui nous a aussi fascinés dans cette histoire. Lorsque je passe les premiers appels, certains me disent qu’ils connaissaient les plus belles années de leur existence au patriarche, que cela leur a sauvé la vie, que si Lucien Engelmajer n’avait pas existé, ils seraient morts… d’autres m’expliquent avoir été brisée pour toujours par ces centres. Cette ambivalence est excitante. Nous voyons également aujourd’hui émerger en France les «communautés thérapeutiques», où les anciens toxicomanes viennent aider ceux qui essaient d’en sortir…

Le patriarche est toujours condamné et doit fuir à l’étranger. Qu’est-ce qui précipite sa chute?

Je crois que c’est la plainte portée contre lui en France par l’un de ses collègues qui dénonce ce qui se passe au sein de cette association. Elle est elle, la vraie dénonciation, celle qui a le courage de faire face à la justice. Et à partir de là, il y aura des plaintes, un procès et une condamnation (note de l’éditeur: pour abus de bien social et de l’emploi des travailleurs clandestins). Mais Lucien Engelmajer a décidé de fuir très loin, au Belize, où il est décédé en 2007.

Archives montrant Lucien Engelmajer et la secte le patriarche
Archives montrant Lucien Engelmajer et la secte du patriarche © Adriana Ferrarese

Pourquoi avez-vous regardé ce sujet?

L’ambivalence spécifique à la mécanique sectaire me fascine. J’avais déjà travaillé sur Raël, le prophète des extraterrestres, et, en 2021, je suis tombé sur un article qui a présenté le patriarche comme l’une des sectes ayant été la plus puissante de France. Cela m’a directement mis au défi. Et les réactions lors de mes premiers appels aux anciens résidents étaient vraiment très fortes, tout comme celles des journalistes ou des enquêteurs qui ont suivi cette affaire. Il m’a semblé que la série documentaire a permis de raconter cette histoire dans toute sa complexité.

Vous avez décollé de nombreuses archives et fait beaucoup de témoins à parler…

Oui, c’était un travail à long terme. Étant donné que les centres étaient situés dans le monde entier, les archives des médias et les documentaires immersifs de l’époque étaient innombrables. Ensuite, le patriarche, avec tout son argent, avait développé un service photo et un service vidéo qui utilisait des équipements professionnels. J’ai donc pu récupérer, des anciens abonnés et de la famille de Lucien Engelmajer, des milliers de photos et de procédures, ainsi que des dizaines de cassettes tournées au sein de l’association.

-> The documentary series “Le Patriarche, Le Gourou des Drogués”, will be broadcast on May 4 and 12 on planet+crime and mycanal.

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