C’est le thriller oriental de l’année. Après le livre de deux journalistes de MediaPart, «Avec les compliments du guide» (Fayard Editions), une bande dessinée, puis un film a été produit sur ce «scandale d’État» dont la preuve n’a pas encore été fournie. C’est à partir de ce mardi que les avocats de Nicolas Sarkozy plaideront au procès des soupçons de financement libyen pour la campagne présidentielle de 2007. L’ancien chef de l’État est poursuivi pour corruption et association des criminels.
Le procureur Sébastien de la Touanne a exigé, le 27 mars, une peine de prison de sept ans, cinq ans d’inéligibilité et 300 000 euros contre l’ancien président, qui a accueilli cet acte d’accusation très lourd avec stupéfaction.
Un procès
Nicolas Sarkozy a combattu pendant des années pendant des années, pour défendre son honneur et sa probité dans plusieurs cas, Bismuth comme Bygmalion. Il est soupçonné, dans le premier, de l’influence du trafic et a convaincu, dans l’autre, d’avoir doublé le plafond légal de la campagne présidentielle de 2012. Un combat qui a été obsession depuis que l’ancien président a perdu tout espoir de gagner.
Ayant établi une relation complice avec Emmanuel Macron, fournissant ses conseils à des entreprises comme Lagardère et Accor, en multipliant des conférences bien appuyées et en publiant des succès, Nicolas Sarkozy aurait pu couler une retraite heureuse s’il y avait ce bracelet électronique qui lui avait été imposé. Tout comme cet essai-flush qui traîne depuis une décennie, sur lequel plane l’ombre glaciale de Mouammar Kadhafi.
Pour la défense, le doute doit bénéficier à l’accusé
Mais la rumeur de financement libyen est née de la publication d’un document MediApart, entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2012. Immédiatement qualifié comme faux, il n’est plus conservé aujourd’hui par l’accusation. D’autant plus que le paiement de 50 millions d’euros qui a été effectué sera finalement réduit à environ quatre millions. Ce que la défense souhaite donc démontrer, c’est le manque de preuves, de traçabilité des sommes mentionnées, malgré les déclarations, qualifiées comme fausses, des dignitaires du régime libyen.
Et surtout les confidences de Ziad Takieddine, une entreprise internationale au Lean au Liban ayant servi d’intermédiaire avant de multiplier les confessions et les retraits. L’hypothèse a été considérée qu’il a pu empocher le fruit des paiements supposés à son avantage. Le doute doit bénéficier à l’accusé, plaidera les avocats, qui notent la nature moralisatrice de «l’ambition dévorante» prêtée à Nicolas Sarkozy, selon les mots du président de la Cour.
La défense n’est pas satisfaite du paquet d’indices et de convergences patiemment rassemblés par l’accusation, au service d’une construction jugée purement intellectuelle et politique. Qui invoque un «pacte faustien» entre l’ancien président et le «guide de la révolution».
Guéant et Hortefeux disent qu’ils ont été piégés
Cependant, et même si ce n’est pas l’Élysée, mais la communauté internationale, Washington à l’esprit, qui voulait réintégrer Kadhafi dans le concert des nations au lendemain du 11 septembre, les juges ont noté les curieuses visites de Claude Guéant, puis de Brice Hortefeux au chef du service secret de Libyan. Pan am, en décembre 1988, et contre le DC10 de l’UTA, au milieu du désert de Ténéré, en septembre 1989, tous faisant 440 victimes.
Les deux hommes l’expliquent par le simple fait d’avoir été piégé. Très affaibli à la cour du tribunal, est devenu un paria après avoir passé deux mois en prison, Claude Guéant nie le lien entre l’achat d’un appartement parisien et la revente des peintures néerlandaises à un mystérieux malaisien proche d’un autre intermédiaire sulfureux, Alexandre Djouhri.
«Monte Cristo Power Ten»
Cependant, d’autres éléments secouent, comme l’exfiltration en Afrique du Sud de Bechir Saleh, l’ancien chef d’état-major du dictateur libyen, comme s’il était absolument nécessaire de le faire taire. Sans oublier les 440 000 euros enregistrés sur un compte de Thierry Gaubert, ami de Brice Hortefeuux, pour la piscine improbable d’une hacienda en Colombie. Mais c’est surtout le retrait, obtenu au moyen de finances, de Ziad Takkiedine, lors d’une expédition à Beyrouth montée par Mimi Marchand, patron des meilleures images et à proximité des couples à la fois Sarkozy et Macron, qui interroge.
“Mon entreprise est Monte Cristo Power Ten”, a déclaré le grand vainqueur de 2007, qui est depuis resté le parrain de la droite. En attendant un appel qui pourrait la priver de participer à l’élection présidentielle elle-même, Marine Le Pen montre une certaine solidarité à Nicolas Sarkozy, la seule à avoir réduit le score du FN (maintenant RN).