essentiel
L’ancien enseignant, président de la Castelsarrasinis Heritage Association (ASPC), et une figure de luttes sociales du 68 mai à Castelsarrasin, Bernard Ouarde a consacré sa vie à exhumer les figures oubliées et les histoires enterrées de sa ville. Il est décédé le 2 mai 2025, à l’âge de 81 ans.
À Castelsarrasin, In Tarn-et-Garonne, Le nom de Bernard Ouardes évoque immédiatement la défense du patrimoine, le goût des archives, la loyauté envers l’humble, un mot franc et une passion sans faille pour l’histoire locale.
Cet homme avec un voyage atypique, professeur d’histoire – la géographie qui est devenue assureur, historienne auto-apportée et présidente active de la PastelsArasino Heritage Association (ASPC) pendant plus de quinze ans, est décédée le 2 mai, à l’âge de 81 ans, après une longue maladie.
Né le 19 décembre 1943 à Lafrançaise, dans une famille modeste de Tarn-Et-Garonne, Bernard Ouardes n’a jamais oublié ses racines. Très tôt attiré par l’histoire et le débat des idées, il a commis de sa jeunesse.
En mai 1968, alors qu’il était superviseur externe à l’école secondaire Jean-De-Prerades, il a activement participé à des mobilisations et fondé un syndicat à la suite des mouvements des élèves et du secondaire. Il conservera toute sa vie ce militant, exigeant, souvent critique, mais toujours constructif.
Un détour par enseignement et un virage supposé
Ce même lycée deviendra plus tard son lieu d’enseignement. Bernard Ouardes y enseigne l’histoire avec une liberté de ton qui contraste. En 1971, pour le centenaire de la Commune de Paris, il a obtenu une exemption rare pour consacrer une année entière à cet épisode révolutionnaire.
Mais c’est une réunion fortuite avec un assureur local qui secoue sa carrière. Attiré par une vie professionnelle plus autonome, il quitte l’éducation nationale et reprend une compagnie d’assurance, place Lamothe-Cadillac à Castelsarrasin. Cette bifurcation, loin de l’éloigner de l’histoire, lui offre un cadre plus libre pour creuser ses recherches et ses voyages.
Le défenseur du patrimoine local
En 2007, à l’âge de 61 ans, il a rejoint l’ASPC. Deux ans plus tard, il l’a repris. L’association devient sous son élan un laboratoire d’histoire locale. Il double la main-d’œuvre, développe une série de conférences et de publications rigoureuses, souvent inédites. Il exhaus, documents et défis. «Je ne suis pas malléable, je mâche tout et je suppose ce que je dis», a-t-il confié à La dépêche En 2021.
C’est dans les archives de l’usine métallurgique de Sainte-Marguerite à Castelsarrasin qu’il fait une découverte qu’il considère comme essentielle: celle de Henri Pottevin, Castelsarrasinois qui est devenue un scientifique de premier plan, collaborateur de pasteur, inventeur d’un masque de gaz pendant la première guerre mondiale et élu radical-socialiste. Bernard Ouardes plaide pour sa réadaptation publique au maire de l’époque Bernard Dagen: la salle municipale du conseil a été inaugurée en son nom en 2008, grâce à son travail.
Il donne également vie à un autre oublié: Paul Vasilières, historien et archéologue savant, auteur d’un manuscrit monumental qui remet en retraite mille ans d’histoire locale. “Une mine d’or”, a-t-il dit, trop souvent pillé sans reconnaissance.
Intransigeance au service de la vérité historique
Bernard Ouardes n’était pas un homme à comparer à l’histoire. Il a critiqué les choix municipaux qui, à ses yeux, splendide la rigueur historique. Il s’est notamment opposé à la réhabilitation de la Maison Despagne, qui est devenue Firmin-Bouisset Museum, dénonçant un projet qui a ignoré l’héritage architectural et artistique local. Il a militaire avec persévérance pour que le graveur de Castelsarrasinois Antonin-Delzers, Rome Prize en 1900, soit reconnu plutôt que l’artiste Bouisset Moissagais.
Le maire actuel, Jean-Philippe Bésiers, avec qui il avait nourri des désaccords, lui donnera finalement droit en attribuant le nom d’Antonin-Delzers à une salle d’exposition temporaire du musée. Malgré les différences, le premier conseiller a félicité publiquement son compte Facebook Le souvenir de Bernard Ouardes: «Merci M. Ouardes pour ce que vous avez apporté par vos recherches et vos connaissances sur Castelsarrasin et son histoire.»
Un souvenir vivant
Bernard Ouardes laisse une œuvre multiple: publications, conférences, mais se bat également pour la transmission et la reconnaissance de la mémoire locale. À travers ses écrits, ses découvertes, ses alertes, il a aidé à écrire une autre histoire de Castelsarrasin: celle des inventeurs anonymes et oubliés, des trajectoires populaires et scientifiques que l’histoire officielle néglige souvent.
Derrière l’homme avec des convictions sévères, un profil plus nuancé émergeait: celui d’un passeur de mémoire, un archiviste scrupuleux, un amoureux sincère de sa ville. «Si nous ne faisons pas de livres, nous mourons», a-t-il aimé dire. Il en a laissé plusieurs dont ce savoureux intitulé La tolérance abrite à Castelsarrasin de 1848 à 1946.
À son épouse Jackie, à ses enfants, à ses compagnons de voyage de l’ASPC, le rédacteur en chef de La Dépêche envoie ses condoléances attristées.