Privacy Policy Banner

We use cookies to improve your experience. By continuing, you agree to our Privacy Policy.

«Mon grand-père appartenait au parti nazi», explique Vanessa Springora dans une histoire intime -.

«Mon grand-père appartenait au parti nazi», explique Vanessa Springora dans une histoire intime -.
«Mon grand-père appartenait au parti nazi», explique Vanessa Springora dans une histoire intime -.

Cinq ans après la publication du consentement qui a raconté la tragédie de son
L’adolescence volée par Gabriel Matzneff, l’écrivain fait face à son histoire
famille.

Ce livre est-il une continuation du consentement?

Oui, j’ai l’impression de poursuivre une réflexion sur le patriarcat, à travers les figures de mon père et de mon grand-père qui sont un peu le parangon de la masculinité toxique.

Au-delà du témoignage intime, Consentement était aussi le portrait d’un prédateur. Nom de famille a quelque chose à « préquelle » Mon père, à la fois par son absence et sa toxicité, et mon grand-père que j’adorais mais qui a caché un terrible secret, conditionné une sensibilité aux mensonges, ma relation avec les hommes, et donc ma rencontre avec Matzneff (L’écrivain Gabriel Matzneff, dont elle dénonce, en consentement, l’emprise, y compris le sexuel, qu’il a exercé sur elle lorsqu’elle était mineure).

Le fait que mon père et mon grand-père aient inventé leur histoire, l’une de la folie, l’autre par le pragmatisme, me fait référence à la falsification de Matzneff qui a transformé ses crimes en histoires d’amour.

En 2000, quatre jours après la sortie de ConsentementVous apprenez la mort de votre père avec qui vous n’aviez plus de relations…

Mon père était nuisible psychologiquement par sa violence et sa mythomanie. Je savais qu’il vivait depuis plus de vingt ans dans le petit appartement de 35 m2 de sa mère qui l’avait collecté.

J’ai été bouleversé pour découvrir dans quel état de confiscation physique il avait mis fin à sa vie, il avait connu un maniaque d’ordre et d’hygiène. Il vivait dans le salon transformé en une tanière de clochard, enterré sous un tas de saleté et d’objets, et il avait quitté la chambre de ma grand-mère telle qu’elle était, décédée neuf ans plus tôt.

Il a continué à le nettoyer, à changer les draps. Comme s’il avait réorganisé les locaux pour se séparer du passé de ses parents.

À l’origine de votre livre, il y a cette autre découverte qui concerne votre grand-père…

Cela fait des années que je me demandais sur l’origine de mon nom de famille, intrigué par les fables incessantes que mon père a inventées à cet égard.

Pour la famille, mon grand-père était un tchèque, enrôlé de force dans le Wehmarcht en 1938 au moment de l’annexion des Southtes. Il avait déserté l’armée allemande quand il était en Normandie.

Hélas, au bas d’un tiroir, je suis tombé sur deux photos de mon grand-père en tenue nazie, dont l’une montrant son appartenance à la police du Troisième Reich.

Avec cette enquête sur le continent européen, avez-vous pu accéder à la vérité?

Plusieurs hypothèses coexistent encore, même s’il est indéniable que mon grand-père appartenait au parti nazi, avant l’annexion de sa région. Son vrai nom était Springer, il l’a falsifié pour la libération à Springora en consonance tchèque pour obtenir en France un statut de réfugié politique.

Mon père le savait, mais il est resté prisonnier du tabou. Au-delà de cette enquête familiale, je voulais également transmettre l’histoire du sud que nous connaissons mal. L’histoire n’est pas une série de dates abstraites, les hommes le vivent dans leur chair. Que faisons-nous lorsque vous êtes pris dans votre agitation?

Né dans la communauté germanophone, mon grand-père vivait dans un pays déchiré par des changements dans le régime, les langues, les frontières… J’ai essayé de comprendre même si je ne l’ai pas absolument et que, parfois, je ne sais plus quoi faire la tendresse que j’avais pour lui.

Pensez-vous qu’un nom a toujours une dimension qui nous échappe?

Bien sûr, c’est là que je voulais prendre le lecteur avec le choix du titre. Chaque nom de famille lui porte une histoire dont nous ne sommes pas responsables, une dimension fictive; Tout le monde a ses zones grises, leur charge culturelle historique, géographique…

Pour pouvoir continuer à porter ce hapax, ce nom dont il n’y a pas d’occurrence dans le monde, j’avais besoin de le disséquer. Mon grand-père l’a inventé pour couper avec son passé et protéger ses descendants, alors je choisis de l’assumer.

«Nom de famille», éditions Grasset, 368 pages, 22 €. Vanessa Springora sera présente à la mi-mai à la comédie du livre à Montpellier: samedi 17h30 pour une réunion dans la salle Molière (Opera comédie), avec Hélène Gaudy. Et elle signera le spectacle à Peyrou vendredi et samedi.
-
-

PREV Les bibliothèques des médias des cinq municipalités du territoire occidental participent à la foire du livre de Péi -.
NEXT Lire des idées avec ces 3 livres -.