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«Nous sommes tombés amoureux de nos arts respectifs» -.

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Match Paris. Benjamin, cet album a commencé à partir d’un défi que vous avez lancé à Jeanne.
Benjamin Biolay. Un admirateur et un défi musical, lui disant: “Qu’est-ce que tu me branle?” J’avais vu Jeanne sur scène dans le spectacle qu’elle a donné autour du cinéma, elle avait une présence et une grâce folles. Mais je me suis aussi dit que si elle n’écrivait plus de chansons, c’était parce qu’elle ne savait plus comment cela fonctionnait.

Jeanne, tu ne veux plus écrire?
Il y a un cherhaal. Je n’avais plus de feu, je ne ressentais plus le besoin. J’ai également fait cette tournée en cinéma, je ne devais faire qu’un seul concert et cela s’est transformé en cinquante dates. Et puis Benjamin est arrivé…

Bb Je lui ai dit des mots très simples que je dirais par quelques personnes de la vie. Ceux dont j’apprécie vraiment la musique et qui sont aussi amis ailleurs. Et qui ne sont plus sortis d’albums…

JC Benjamin m’a touché parce qu’il m’a dit: “Tu vas refaire un disque et je le ferai.” Même si je n’avais pas le début d’une chanson, il m’a fait confiance. C’est rare…

Benjamin, comment pouvez-vous définir votre rôle de directeur et d’arrangeur?
Bb Je suis producteur, au sens anglo-saxon du terme. Je me demande dans la pièce et je dis à Jeanne: “Allez-y, fais ton truc.” C’est le genre d’attitude que nous ne pouvons avoir qu’avec ceux dont le talent est connu. Parce que vous ne pouvez pas imaginer que quelqu’un a du talent, vous devez le savoir….

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Vous êtes-vous intervenu sur des textes, de la musique?
Bb Non, Jeanne a tout fait seul. Parfois, nous avons discuté d’un mot, une idée. Mais c’est surtout son album.

Jeanne, dans «Rodrigues», vous louez lentement. Qu’est-ce qui vous attire?
JC Nous vivons dans une société de surconsomption, où prendre votre temps n’est pas nécessairement bien visible. Cependant, je dois reculer nos rythmes de la vie. Surtout à ma façon de sortir des dossiers. J’en fais un quand j’ai des choses à dire.

Avec un titre comme «La mère et la pute», vous dites que votre liberté est la mère ou l’amant selon votre bonne volonté. Ce n’est pas à l’entreprise de vous dicter qui vous êtes…
JC Ce serait idéal… [Elle rit.]

Bb Jeanne a toujours eu quelque chose de social, commis ou féministe dans sa musique. «La maman et la pute», pour moi, il n’est pas fait de mettre une grosse gifle au visage, mais de faire réfléchir les gens. Le texte est si fort qu’il vous permet d’être à peine interprété. Comme dans Bossa-Nova ou Samba, il va directement à l’âme. Je ne voulais tout simplement pas qu’elle fasse une chanson à Anne Sylvestre…

JC Je ne chante jamais avec mon poing élevé, mais je m’implique dans le moindre mot. J’avais besoin ici de parler des multiples facettes de la féminité.

Vous chantez également la femme qui a rencontré les loups. Pour rejeter la masculinité toxique?
JC Ce texte m’a fait beaucoup de bien, car il convoque tous les loups que j’ai rencontrés dans ma vie. La modestie m’empêche d’utiliser le mot «prédateur», je le trouve moche. Mais nous voyons ce que c’est.

Bb Les animaux agissent pour nourrir ou nourrir leur famille. Ce qui n’est pas du tout le cas avec des «prédateurs», qui sont des gens qui n’ont rien à perdre. Prenez un gars comme Frédéric Beigbeder, qui fait de grandes déclarations, «nous, hommes…». Mais personne n’écoute plus. Il semble que l’expression «OK Boomer» a été inventée pour lui.

«Nous vomissons tous les soixante-huitiers, qui sont devenus de plus en plus conservateurs»

Jeanne, avez-vous l’impression que les hommes se comportent différemment aujourd’hui?
JC Le rapport Men-Female est en train de changer. Mais la génération avant la nôtre est foutue… D’un autre côté, je peux voir que les jeunes adultes ne sont plus dans les mêmes schémas que nous.

Bb Moi, je ne suis pas le seul père à avoir une fille qui devient actrice et qui n’a plus peur de l’envoyer à un tournage dans les provinces. Et s’il y a un gars qui a un comportement légèrement limite, il sort immédiatement. C’est aussi pourquoi nous vomissons tous les soixante-huit retardés, qui sont devenus de plus en plus conservateurs. Ce sont eux qui ont confondu la libération sexuelle et l’orgie généralisée.

Benjamin aurait-il pu être en mesure de tomber dans cette masculinité toxique?
Bb J’ai toujours eu une ligne de conduite. J’ai d’autres défauts, mais pas celui-là. Oui, j’ai blessé beaucoup de femmes. Mais tout ce qui est la précision du criminel m’est complètement étranger. Je n’ai jamais embrassé quelqu’un par la force. Et les amis que j’ai vus faire ça, ça s’est très mal passé après.

Jeanne, tu fais que «la vie est un haut court» une ode aux antidépresseurs.
JC Je voulais jouer le fait d’utiliser ce type de traitement. Lorsque vous avez une angine, vous prenez un antibiotique sans humeur. Malheureusement, il y a encore un tabou avec les médicaments que nous prenons lorsque vous êtes dans un état mental défectueux. Il existe. Vous pourriez aussi bien en profiter si ça fait du bien…

Est-ce que le «Fauve en liberté» que vous évoquez dans «Fouté», est-ce pour Benjamin?
JC C’est la seule chanson qu’il m’a ordonnée, me demandant de faire un homologue féminin à «Je me suis fait très petit» de Brassens.

BB mais je ne suis pas cette bête sauvage!

C’est peut-être ce qu’elle vous voit?
Bb Mais je suis apprivoisé, moi…

JC En tout cas, je l’ai aimé…

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En tant que chanteur, je ne peux pas m’empêcher d’approcher ce qui me donne envie de réagir.

Janne Chereal

Un autre sujet audacieux: le vibrateur dans «Hitachi Magic Wand». Un hommage déguisé en brassens?
Bb
Ce genre de texte est possible grâce à lui, car il a été le premier à parler de ce qu’il ne devrait pas être. Mais il a poussé la chose très loin, il y a des confessions que je trouve presque ennuyeuses, comme dans «Saturne», par exemple, le portrait d’un homme qui n’a plus de libido, qui traite les filles de pisse. Nous pensons qu’il y a une quasi-décrépitude… il se laisse aller pour dire qui il était, sans rien cacher. Cela pourrait parfois faire grincer des dents. C’est un peu comme “Hitachi Magic Wand”.

«Sous les toits» vous permet de dénoncer la violence familiale. Tout en notant que nous sommes souvent dans une impasse.
Bb Mais c’est la vérité stricte! Il appelle les secrétaires d’État qui réalisent des vidéos sur Tiktok, mais nous sommes très loin d’une véritable action du gouvernement sur le sujet.

JC La violence sexiste et sexuelle, la violence domestique était censée être la grande cause du trimestre de cinq premiers an. Mais rien n’a été fait. Nous nous sentons impuissants face à une classe politique qui semble la prendre à la légère.

Bb Et Jeanne sait très bien faire ce genre de chansons de protestation. C’est pourquoi je voulais qu’il envoie du steak, que cela se tourne vers quelque chose de funky. C’est la leçon que j’ai détenue par Stevie Wonder: quand vous avez des choses à dire, elle doit être puissante derrière.

Vous sentez-vous impuissant en tant qu’artistes face à des décisions gouvernementales inexistantes? Ou vos chansons sont-elles là pour faire avancer la cause?
JC Je ne sais pas s’il s’agit de quelque chose, mais en tout cas, moi, en tant que chanteur, je ne peux pas faire d’autre que pour aborder ce qui me donne envie de réagir.

Bb Le gouvernement est une chose, mais l’environnement socio-associatif existe vraiment. Il y a beaucoup de gens qui se battent pour ça. Il y a des structures à sous les hommes de récidive de surveillance parce que la police ne fait rien. Ne comptez pas sur le sous-préfet pour dire: “J’ai entendu une grande chanson de Jeanne Cherhal qui dénonce ce que vous faites.”

Croyez-vous en une chanson utile?
Bb Non.

JC Ah oui, de toute façon! Que faisons-nous dans une démonstration? Nous chantons!

Bb Oui, mais il n’aura jamais d’usage immédiat. C’est quelque chose qui infuse, en revanche…

JC Je le crois beaucoup, tout comme je crois en l’utilité des films, des livres. Et l’intuition des artistes.

Bb Le vrai problème est que les chansons engagées ne vont pas à la radio. Sur mon dernier album, j’ai fait une chanson intitulée «La Traversée», peu de gens m’en ont parlé, il n’a pas été diffusé, il n’a guère eu un écho.

Quelle est pour vous la dernière grande chanson engagée?
Bb Tout le premier album d’Angèle.

JC Pour moi, c’est «Grenade», par Clara Luciani.

Bb Oui, c’est un peu la même période, il a l’air pop, il a l’air acidulé, mais il envoie de vrais messages et crée des vocations.

Avec “Fail plus que vous revenez”, vous trouvez les personnages de “Brandt Rhapsodie”, titre publié en 2009 sur “La Superb”, l’album de Benjamin. Pourquoi cette flamme revient?
Bb Parce que cela se produit également dans la vie. Mais là, je me suis lancé dans une interprétation un peu plus sexy que dans «Brandt Rhapsodie». Et qui nous a emmenés à quelque chose de plus sexuel. Mais parce que la vie est sexuelle. Et puis cet album ne pouvait pas parler de cul, car il a parlé de tout le reste. Mais méfiez-vous, je ne suis pas responsable de tous les plats! C’est Jeanne qui les a amenés. J’étais très respectueux. Enfin, au début…

Pourriez-vous être tombé amoureux les uns des autres?
JC Bien sûr…

Bb Les choses de la vie nous ont fait. Et puis nous sommes tombés amoureux de nos arts respectifs.

JC Mais c’est aussi pourquoi nous nous trouvons encore une quinzaine d’années plus tard. Nous avons le même amour de la musique.

Nous trouvons donc vos personnages de «vous avez besoin de plus que vous ne le voyez» dans quinze ans?
Bb Si Dieu nous donne la vie, bien sûr! [Ils rient.]

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