Le cinéaste de Vaudois, Lionel Baier, était l’invité de Double Face pour mentionner en particulier son dernier film: «La Cache», une histoire autobiographique de Christophe Boltanski.
Notre invité, Lionel Baier, est un véritable coussin de tous les métiers dans le monde cinématographique. Réalisateur, scénariste, producteur, acteur, enseignant et ancien projectionniste. Une profession qu’il a exercée au cinéma Rex à Aubonne à partir de l’âge de 17 ans. Avec un certificat validant ses compétences dans ce domaine. C’est même le seul titre qu’il possède, a-t-il déclaré au microphone de Valérie Ogier. Un cinéma, dans lequel il n’a pas seulement projeté des films là-bas; Il est devenu programmeur et co-gestionnaire.
Il se considère beaucoup moins intitulé que la plupart des étudiants auxquels il donne des prix aux Fémis (École nationale Supérieure des Métiers de l’image et du son à Paris) ou à l’Écal (école cantonale d’art de Lausanne), une école dans laquelle il s’impliquera dans la gestion du département du cinéma. Les étudiants qu’ils enviennent en fin de compte pour avoir la possibilité d’expérimenter les différentes facettes du 7e art, contrairement à sa carrière où il a été directement jeté dans le bain et a plongé en particulier via sa société de production.
À partir de l’âge de 9 ans, Lionel Baier savait qu’il voulait faire du cinéma. Le clic s’est produit en regardant un film Hitchcock. Il nous raconte les circonstances qui l’ont amené à s’intéresser à la profession de directeur, et les preuves pour lui d’adopter cette profession, soutenue par sa famille passionnée par la culture. Une vocation qui le mènera à faire son premier film: «Celui du pasteur (ma vision personnelle des choses)». Un documentaire sur son père, pasteur en terres vaudish à la fin du 20e siècle.
Lionel Baier s’est récemment adapté au cinéma l’œuvre de Christophe Boltanski, «La Cache», actuellement sur le projet de loi. Ce film, qui explore la dynamique familiale au sein d’une famille juive d’origine russe vivant à Paris dans l’après-guerre, est marquée par la présence de Michel Blanc, qui incarne le grand-père Etienne. Une apparition d’autant plus émotionnelle qu’elle constitue le dernier acteur, décédé en octobre dernier.
La disparition de Michel Blanc donne une résonance particulière à cette production. Selon Lionel Baier, malgré son départ, l’acteur reste vivant à l’écran, jusqu’à la dernière scène du film où nous voyons ce dernier chanter de Brahms, un clin d’œil à son rêve d’enfance de devenir un pianiste classique. Un rêve qui a pris un tournant inattendu lorsqu’il a croisé le Jugnot de Gérard au lycée Pasteur de Paris. Un moment qui a redéfini sa carrière et l’a finalement amené à rejoindre en particulier la célèbre troupe de la splendide.
“The Cache” n’est pas seulement un film sur la famille, mais aussi une réflexion sur les liens qui s’unissent et qui étouffent parfois. Un thème universel qui affecte chacun de nous.
«La Cache» est une œuvre qui nous plonge dans l’histoire d’un jeune garçon découvrant une cache secrète dans son appartement familial situé sur la rue Grenelle à Paris. Cette découverte le conduira à explorer le passé de son ancêtre juif et de son grand-père, contraint de se cacher pendant le régime de Vichy. L’intrigue se déroule dans le contexte tumultueux du 68 mai, une période marquée par des bouleversements sociaux et politiques, dont les échos résonnent à travers la radio intronisée sur la table de la cuisine.
Les protagonistes sont confrontés à ce secret familial, les forçant à faire face à un passé douloureux et à ses répercussions sur leur identité. Une histoire qui aborde des thèmes universels tels que la mémoire, la guerre et l’expulsion, tout en offrant une réflexion sur la transmission des histoires entre les générations.
Le livre «La Cache» a été proposé à Lionel Baier par le biais du distributeur de son film «Vanity», sorti en 2015, avec l’intention de l’amener à l’écran. Le cinéaste de Vaudois s’est lancé dans l’adaptation gratuite de cette œuvre via une comédie douce-amère produite avec l’aide de Catherine Charrier, une côteuse du film.
On dit souvent que le documentaire est le maître du cinéma, et pour Lionel Baier, cela se traduit par une réalité complexe. En effet, il trouve plus difficile de faire un documentaire que d’attaquer la fiction. Cette distinction est similaire à celle que notre invité établit entre le roman et la poésie: les deux sont irréels, mais le roman, tout comme la fiction au cinéma, offre une plus grande liberté narrative, tandis que la poésie, comme le documentaire, se concentre sur la vérité et l’authenticité. En Suisse, cette flexibilité de passer d’un genre à l’autre est précieuse. Contrairement à d’autres pays où les étiquettes sont omniprésent, les créateurs de notre pays peuvent explorer librement les frontières entre la fiction et la réalité.
L’idée d’un film peut survenir à tout moment, pour notre invité, souvent nourrie par un fort sentiment d’observation et le désir de raconter une histoire. Pour Lionel Baier, en faisant un film, c’est surtout un processus de façonner une idée, de le dormir sur papier pour le partager avec le monde.
Toujours armé de son cahier, il enregistre ses pensées, ses réflexions et ses inspirations. Ces cahiers, vrais témoins de sa carrière, lui permettent de revoir ses pensées depuis des années plus tard, offrant un regard décalé sur son passé. Actuellement, il parcourt les écrits des années 2010, en tant que journal.
Double Face se termine une fois de plus avec son rituel bien connu: la séquence «TAC-au-Tac», où les questions fusionnent, posée par Valérie Ogier.
Au cours de cet échange, Lionel Baier a partagé un moment frappant dans sa carrière: sa rencontre avec Jacqueline VeUve, une figure emblématique du documentaire et du cinéma, en 1996 dans Soleure, avec laquelle il a eu l’occasion de collaborer.
Lionel Baier se révèle également être un homme de nuances. Il admet qu’il n’est pas un optimiste frénétique. Ses journées, dit-il, commencent par un ego surdimensionné, mais se terminent souvent par une sensation de fatigue, comme s’il avait vidé ses batteries.
L’un des messages forts qu’il souhaite transmettre n’est pas d’être intimidé par le monde du cinéma. Il encourage les jeunes talents à oser, à commencer, malgré les défis et le découragement que certains réalisateurs peuvent parfois imposer. “Le chemin pour faire un film est très long, vous devez être marathoniste pour le faire”, a-t-il déclaré, rappelant que la persévérance est essentielle dans cet environnement exigeant.
L’intégrale double face se trouve ci-dessous:
Double face long Lionel Baier
«La Cache», par Lionel Baier, avec Michel Blanc, Dominique Reymond, William Lebghil, Liliane Rovère, Adrien Barazzone et Gilles Privat, actuellement dans vos cinémas.