Petite jaffna est un thriller qui a lieu, comme son nom l’indique, parmi la communauté tamoule de Paris, dans le district de la chapelle, au nord de la capitale. Le film place immédiatement dans la position de l’observateur qui intègre progressivement cette communauté. Nous accompagnons le regard et les marches de Michael, un jeune policier, responsable de l’infiltration d’un groupe criminel connu pour le racket des marchands du quartier et le blanchiment d’argent, le tout pour le bénéfice des guérilleros des séparatistes tamouls qui se battent dans le pays.
Infiltration-LET US Spécifiez-le facilité par le fait que Michael est lui-même d’origine tamoule et le fils d’un combattant décédé. En empruntant à ce dispositif de l’agent double, déjà beaucoup vu dans le cinéma mais toujours aussi efficace, Lawrence Valin (qui joue lui-même le rôle de Michael) a la bonne idée d’ajouter des éléments documentaires et sociologiques, en jouant sur les différences de culture et de langue, pour un résultat étonnant et réussi.
C’est également l’occasion de mettre en lumière une communauté tamoule, que nous parlons généralement peu, grâce au cinéma de genre. Le film est dur, stressant, les explosions de la violence y sont voisines avec des moments rares plus tendres ou romantiques. Il est porté par une majorité d’acteurs non professionnels, principalement excellents, et une esthétique nerveuse inspirée du cinéma de Hong Kong, entre autres influences. Petite jaffna est la bonne surprise de la semaine.
Ou comment réussir dans la perfection un film que nous connaissons déjà la fin: le 21 décembre 1989, le dictateur Nicolas Ceausesescu a abordé une immense foule à Bucarest, convaincue que, comme d’habitude, les gens (qui sont là en ordre). Après quelques minutes, c’est l’émeute et le début de la fin pour celui qui a dirigé la Roumanie avec un poing de fer depuis 1965.
Quelques jours en amont de cette date historique, Bogdan Muresanu raconte 5 histoires en parallèle, qui convergera en crescendo vers le son de Boléro De Ravel, à l’endroit de la Capitale, le D-Day a mentionné. Par l’intime, on aborde la cruauté et l’absurde de la vie sous la dictature. L’image, par son grain triste, ressent la naphtaline de l’époque. Fil rouge de ce drame, l’humour dévastateur du réalisateur, avec par exemple un enfant qui vous rend fou de son père pour avoir écrit au Père Noël: «Pour papa, ce vieux Nico meurt, parce que c’est ce qu’il veut. “
Encore une fois, le cinéma roumain nous offre une pépite. Bogdan Muresanu est l’héritier digne de Cristi Puiu, Cristian Mungiu, Radu Jude, Emmanuel Parvu et autres. Nous en voulons plus…