News 24 FR France

NPD et haut-parleurs français: anatomie d’une chute

-

En Ontario, la fête disparaît même de la carte. Historiquement, le NPD avait toujours réussi à avoir au moins élu un député fédéral en Ontario depuis sa fondation en 1961.

Bien sûr, plusieurs raisons expliquent cette Bérézina pour le parti Orange: le vote stratégique de partie des électeurs de gauche en faveur de Mark Carney, l’incapacité du parti à garder son électorat des cercles populaires et syndicaux, séduisés par les discours de Pierre Hairyvre, ou l’usure de Jagmeet Singh, dans ses troisième élections, définitivement plus facilitées dans les grands centres urbains.

Mais il y a d’autres électeurs que M. Singh ne savait pas comment convaincre: francophones. Au Québec, le fait qu’Alexandre Boulerice soit, comme en 2021, le seul élu parmi les 78 sièges offerts dans la province en dit long. Dans un contexte minoritaire, le nord de l’Ontario, avec une composante francophone plus forte, a ostensiblement tourné le dos au chef néo-démocratique, même si le parti continue de maintenir ses réalisations au niveau provincial.

Ce serait une exagération de conclure que M. Singh a été sanctionné surtout pour son manque de connexion avec la francophonie. Mais il faut admettre qu’en sept ans et demi à la tête du parti Orange, le représentant élu de la Colombie-Britannique n’a pas fait tous les efforts qui ont le droit d’attendre d’un chef fédéral aspirant à gouverner le Canada.

François Chaquette, ancien porte-parole du parti en termes de langues officielles, et candidat (finalement vaincu) pour cette élection, l’a expliqué mieux au microphone de Stéphane Chouinard pendant le Balado D’Onfr: «Nous devons étendre davantage notre plateforme électorale». Une confession complète de l’échec, tandis que M. Carney a promis 12% de l’immigration française dans un contexte minoritaire, et M. Hairyvre, trouvant ses racines de Fransaskoisses, ciblées pour stimuler les programmes d’immersion qui relâchent des français.

Le chef du New Democratic Party, Jagmeet Singh, s’adresse à ses partisans, accompagnés de son épouse Gurkiran Kaur, au siège de sa campagne, la soirée des élections à Burnaby, en Colombie-Britannique, le 28 avril 2025. (Ethan Cairns / Archives La presse canadienne)

-

En réalité, l’ADN des langues officielles n’a jamais été dans le programme motivé par M. Singh. Sous son mandat, le parti a favorisé le concept post-national, offrant une place de lieu aux identités et abandonné l’idée de la dualité linguistique. Contrairement à ses deux principaux concurrents, M. Singh a très souvent abandonné le français sur les réseaux sociaux pendant la campagne.

Nous sommes loin du NPD qui, une fois, est allé aux barricades – d’abord avec Yvon Godin, puis François Chaquette – exiger, sans succès, le bilinguisme des neuf juges de la Cour suprême. Ou celui qui, sous la direction du député Alexandrine latenddrese, avait fait adopter une loi en 2013, imposant que certaines fonctions publiques élevées soient occupées par des personnes capables d’exprimer et de comprendre les deux langues officielles du Canada, sans recourir à l’interprétation.

C’est aussi là que le frottement pour M. Singh. Ces dernières années, le chef n’a pas été en mesure de compter sur la présence de fidèles soldats consacrés à la défense des langues officielles, sa représentation dans une chambre s’effondrer dans chaque élection depuis la célèbre «vague orange» des élections fédérales de 2011.

Il appartiendra désormais au NPD de se lever pour assurer une meilleure représentation. Indépendamment des condamnations de chacun, ce n’est pas une bonne nouvelle pour le dossier de langue officielle que la troisième force politique fédérale perd son statut de parti. La bonne santé et les urgences démocratiques liées à la francophonie méritent une meilleure diversité d’opinions.

Le NPD n’aura probablement pas le choix, dans son mise à jourvoir les langues officielles comme un atout, pas comme une obligation. Comprendre l’échec amer de M. Singh reconnaît également ce manque.

Sébastien Pierroz est journaliste et producteur de la franchise TFO ONFR.

Related news :