Ce texte fait partie du carnet spécial du Congrès ACFAS
Que ce soit des épisodes de pluies torrentielles, de feux de forêt ou même de tornades, les effets du changement climatique sont de plus en plus visibles. La science permet de mieux prédire les risques naturels, mais sans adaptation adéquate pour s’en protéger, ces efforts sont-ils en vain?
Il s’agit du signal d’alarme donné par Philippe Gachon, professeur d’hydroclimatologie, chercheur au Center for the Study and Simulation of the Climate au niveau régional de l’UQAM et directeur général du réseau intersectriel du Québec.
«Actuellement, nous avons développé des outils qui nous permettent de prévenir et de nous préparer à un événement météorologique, mais nous avons encore du mal à planifier les impacts», déplore-t-il.
La vitesse à laquelle les effets du changement climatique se sentaient compliqués. «Nous pensions que ce serait beaucoup plus progressiste», admet M. Gachon. Nous avons fait des progrès sur le terrain pour certains phénomènes extrêmes, en particulier dans les modèles régionaux, mais nous avons été pris en court par la vitesse à laquelle le changement climatique est effectué. »»
Une préoccupation qui sera au cœur de 19e Symposium sur les risques naturels au Québec, qui se tiendra le mercredi 7 mai au Congrès de l’ACFAS.
Prévisions plus ciblées
Les progrès scientifiques permettent aux chercheurs, mais aussi à Environment Canada, par exemple, de savoir plus précisément quand et surtout lorsqu’une catastrophe se produira.
«De nombreux progrès ont été réalisés», explique Pascal Bernatchez, professeur et titulaire de la présidente de recherche en géoscience côtière de l’Université du Québec à Rimouski et directrice du Laboratoire de gestion dynamique et intégré des zones côtières. Nous pouvons désormais prédire les niveaux d’eau sur la côte et la force des vagues 48 heures à l’avance. »»
“Mais actuellement, les opinions des vagues de tempête et de la montée de la côte sont souvent diffusées pour tout l’est du Québec, donc la côte nord, le bas-saint-laurent et l’ilé-de-la-Madeleine”, a-t-il nuance. Il est toujours difficile de savoir où il frappera, donc pour certaines régions, il revient à de fausses alertes. »»
En améliorant les prévisions grâce à des stations permanentes plus efficaces, il sera possible de réduire la zone potentiellement à risque, et donc de concentrer les efforts de prévention pour limiter les dommages.
Le professeur Bernatchez travaille sur une carte des zones exposées à la submersion côtière d’ici 2100, ce qui planifiera mieux le développement des zones par la mer.
«Il y a eu des événements de submersion côtière qui ont détruit des maisons en plein jour ces dernières années», dit-il. Les gens étaient au travail quand cela s’est produit: si cela s’était produit au milieu de la nuit, il y aurait été mort. D’où l’importance d’avoir des systèmes de prévention efficaces. »»
Le paradoxe de l’utilisation de l’IA
L’évolution des technologies, en particulier celle de l’intelligence artificielle (IA), améliore les modèles prédictifs des phénomènes météorologiques. Mais cette efficacité accrue a un coût énergétique paradoxal dans un contexte où nous cherchons à mélanger les effets du changement climatique.
«C’est un outil intéressant qui améliore notre capacité à mieux prédire, mais qui nécessite des capacités de calcul de plus en plus importantes», explique Gachon. Donc, plus nous l’utilisons, plus il y a d’énergie à en obtenir, plus nous créerons des problèmes en amont. »»
Néanmoins, les projections améliorées par l’IA sont essentielles, estime le professeur. «Le Canada est l’une des régions du monde où les observations [météorologiques] sont les moins denses et moins importants », note-t-il.
Le scientifique donne comme exemple le réseau de détection de foudre au Québec, qui arrête 52 degrés dans le nord. Les données radar pour détecter les zones de précipitations intenses ou les tornades potentielles sont presque inexistantes dans la partie inhabitée du Nord du Québec. «Cependant, c’est dans le nord que le réchauffement est plus marqué», dit-il.
Communautés plus résilientes et égalitaires
Mieux vaut prédire les phénomènes climatiques extrêmes, mais surtout leurs effets sur les communautés, aurait le principal avantage de protéger les membres les plus vulnérables. Un défi essentiel dans un contexte où le Québec est l’une des provinces canadiennes avec la population la plus vieillissante, souligne M. Gachon.
«Les phénomènes extrêmes affectent les plus vulnérables et les plus défavorisés», dit-il, «et c’est pourquoi le gouvernement devrait investir davantage dans la prévention et la résilience concernant le changement climatique.»
En ce sens, la formation des scientifiques de demain, qui continuera de lutter contre le changement climatique en améliorant leur prévisibilité et en offrant des solutions pour des infrastructures plus résilientes est essentielle.
«Ne pas transmettre nos connaissances est un handicap à la résilience des communautés, mais aussi à la préparation et à la restauration des gens, plaide le chercheur. Une fois que l’événement s’est produit, que les médias n’en parlent plus, il y a des gens qui vivent avec les conséquences.» »
«Nous devons être écosolidaux et éviter les inégalités sociales [en ce qui concerne les changements climatiques]Il ajoute. Plus les populations se retrouveront inactives face aux catastrophes, plus les personnes vulnérables, comme les femmes âgées ou célibataires, ne pourront pas récupérer aussi bien qu’auparavant. Et cette population augmentera dans les années à venir. »»
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