À l’ère numérique, des centaines de patients sont toujours refusés ou retardés dans les hôpitaux au Sénégal pour avoir pu payer en espèces. Le refus d’accepter des moyens modernes comme la vague ou l’argent orange coûte des vies. Il est temps d’adapter notre système de santé à la réalité sur le terrain.
Vous devez avoir passé une nuit dans un hôpital public pour mesurer l’étendue du naufrage. Bâtiments décrités, médicaments essentiels absents, soignants uniques, dépassés, en colère… et les patients qui n’ont souvent que la prière pour un traitement de première ligne.
Au Sénégal, le système de santé ne se tient pas par les moyens de l’État, mais par la foi, la résilience et le sacrifice de son personnel. Chaque nuit, les médecins, les infirmières, les sages-femmes se transforment en logistique, artiste d’urgence, psychologue et parfois dans un banquier de fortune. Et ils sauvent. Par miracle.
Nous disons merci. Vous êtes la digue fragile entre l’espoir et le deuil.
Et pourtant, ce pays compte plus de 900 milliards de CFA F CFA en 2024. Où vont ces milliards, à Podor, il n’y a toujours pas de gynécologue dans le district de la santé? Quand l’ultrasons est-il ventilé ou obsolète? Lorsque les femmes enceintes doivent parcourir 80 kilomètres à Ndioum, parfois la nuit, sur des routes brisées, sans assurance d’arriver vivant?
Au niveau national, la situation est tout aussi alarmante:
Le Sénégal compte en moyenne 7 médecins pour 100 000 habitants (qui recommande au moins 23).
Près de 70% des maternités du district n’ont pas de réanimation néonatale.
Plus de 40% des structures de santé n’ont aucune ambulance fonctionnelle.
Ce n’est plus une carence. Il s’agit d’un crime organisé par inaction.
Alors que le Sénégal s’enlise dans la lenteur administrative et l’infrastructure délabrée:
Le Rwanda utilise des drones pour délivrer des médicaments et du sang dans les zones rurales.
Le Ghana a lancé un programme de financement des soins d’urgence numérique via des portefeuilles électroniques.
La Mauritanie a informatisé tous ses hôpitaux régionaux avec un système d’alerte sur les pannes critiques.
Et nous, au Sénégal? Nos pharmacies hospitalières refusent toujours les paiements par vague ou en argent orange. Nos hôpitaux fonctionnent avec un crédit émotionnel. Et nos réformes arrivent après les enterrements.
Il serait injuste de dessiner cette peinture sombre sans souligner les îlots d’excellence qui restent. À l’hôpital Ndioum, les équipes médicales montrent un engagement remarquable. Les sages-femmes, les médecins et le personnel infirmier ont créé un système de garde renforcé, une organisation interne rigoureuse et une culture de solidarité entre les services.
Même avec des moyens limités, ils fournissent des livraisons sécurisées, des interventions urgentes et des transferts supervisés, dans des conditions souvent extrêmes. Leur rigueur, leur réactivité et leur sens du devoir devraient être étudiés, appréciés et généralisés dans tous les hôpitaux du pays.
C’est cette capacité à sauver des vies avec peu qui mérite d’être accueillies et soutenues, non plus comme un exploit, mais comme une norme.
Je m’appelle vous, ministre de la Santé. Je parle au nom de Podor, mais c’est le cri de tout le Sénégal rural.
Et s’effondrer:
Pas de gynécologue pendant des années.
Aucun ultrason fonctionnel dans plusieurs stations de santé.
Les femmes ont été transférées en détresse à Ndioum, faute de soins de base.
Des sages-femmes héroïques qui accouchent sous les lampes de torche, quand il y a une ampoule.
Une ambulance qui tombe plus souvent qu’elle ne fonctionne qu’elle ne roule.
Est-ce ce que la mère vaut une vie? Est-ce votre politique de santé équitable?
Nous vous demandons, ministre:
1. Pour fournir à chaque district, y compris Podor, avec un gynécologue résident.
2. Pour remplacer et maintenir un équipement vital (échographie, ambulances, respirateurs).
3. Autoriser et sécuriser les paiements électroniques dans toutes les structures.
4. Pour recruter les centaines de chômage médical.
5. Pour faire de la santé une urgence nationale et non une section de discours.
Car il ne peut y avoir d’émergence sans hôpitaux vivants. Il ne peut y avoir de dignité sans accès aux soins. Il ne peut y avoir de paix sans justice pour la santé.
Sheikh Ahmed Tiane Ly
Acteur de développement – Département de Podor
Citoyen debout face à l’effondrement silencieux du système de santé sénégalais