Un chercheur américain qui a publié plusieurs études sur les avantages du sirop d’érable est sur la sellette après un article dans le New York Times Sur ses liens étroits avec une association des acéricateurs québécois.
Qu’est-ce qui est reproché à Navindra Seeram, de l’Université de la Nouvelle-Angleterre?
Ce chercheur biomédical, qui jusqu’à l’année dernière était à l’Université du Rhode Island, travaille depuis 15 ans sur les effets du sirop d’érable sur la santé. Il a notamment découvert un composé antioxydant, qu’il a nommé Québecol, qui s’est formé lors de la transformation de la sève en sirop.
L’enquête sur New York TimesDirigé conjointement avec l’ONG l’examen, dit que M. Seeram n’a pas toujours révélé, dans ses études scientifiques, le financement de la recherche et la «consultation» reçus des Acericoles et des producteurs de Québec (PPAQ), un syndicat affilié à l’union des producteurs agricoles du Québec (UPA) qui représentent les 8000 sociétés accérilles de la province.
Il cite des chercheurs qui croient qu’il a exagéré l’importance de ses données sur la santé humaine.
Il est également accusé de ne jamais révéler qu’il était co-détecteur du brevet sur le Québecol.
M. Seeram n’a pas répondu à une demande d’entrevue avec La presseni aux questions par e-mail sur les allégations de New York Times.
Les producteurs et producteurs de Québec Apérioles ont-ils financé le travail d’autres chercheurs?
Oui, répond à Joël Vaudeville, directeur des communications PPAQ. Les chercheurs «renommés» sont financés par l’Association depuis 20 ans.
“Les PPAQ n’interviennent à aucun moment, que ce soit avant, pendant et après la recherche. Aucun droit de passage n’est accordé à l’organisation avant le dévoilement des résultats. Ils sont publiés, qu’ils soient positifs ou négatifs pour le secteur de l’Acéricole”, a-t-il déclaré par e-mail. Il ajoute que les scientifiques sont responsables du dévoilement de leurs liens financiers.
Les PPAQ «respectent les normes éthiques strictes prévues pour ce type de recherche», ajoute-t-il.
L’un des chercheurs qui mène des recherches financés par l’industrie est le biologiste André Marette, de l’Université Laval.
En 2023, il a publié dans la revue Endocrinologie et métabolisme Une étude montrant que, chez la souris, le remplacement du sucre par du sirop d’érable est moins nocive pour la «santé métabolique».
En octobre dernier, il a publié dans le Journal of Nutrition Une étude sur 42 personnes montrant que le remplacement de deux Des cuillères à sucre avec du sirop d’érable tous les jours, pendant huit semaines, «réduit certains facteurs de risque cardiovasculaires», en particulier en ce qui concerne la pression artérielle.
Dans les deux cas, le financement de la recherche PPAQ a été dévoilé.
Est-il normal que les producteurs d’aliments financent la recherche scientifique?
Absolument pas, selon Jean-Claude Moubarac, anthropologue spécialisé dans la nutrition à l’Université de Montréal.
«Depuis 20 à 30 ans, nous démontrons très bien que l’industrie essaie de contrôler la science. Je ne vois pas pourquoi nous ne devrions pas nous protéger contre cette manipulation, pourquoi nous continuons à l’accepter. Vous ne devriez pas être stupide.» »
Bryn William-Jones, bioéthiste à l’Université de Montréal, est moins draconien. «La réalité est qu’il n’y aura jamais assez d’argent public pour la science. Le taux de réussite des demandes de subvention est passé en dessous de 20% et aux États-Unis, avant cette année, il était de 5% à 10%.» »
Existe-t-il un moyen de superviser les conflits d’intérêts potentiels?
Oui, en particulier avec des contrats n’accordant pas le droit de voir des partenaires privés sur la publication des résultats et le dévoilement de tous les liens financiers des chercheurs, y compris les brevets, répond M. William-Jones. Vous devez également éviter de dépendre trop d’un seul partenaire privé.
Dans le cas de M. Marette, le financement privé couvre 10% de ses dépenses de recherche, et les fonds PPAQ couvrent 0,7% de ses dépenses de recherche. «La chose la plus importante est la transparence, et j’ai toujours pris soin de mentionner les sources de financement privé ou non dans mes publications», explique M. Marette.
Et surtout, dit M. William-Jones, un chercheur doit, dans ses communications, invite toujours le public à considérer la présence d’un conflit d’intérêts dans son travail. «Parfois, cela ne prend qu’une relation à long terme avec une entreprise pour créer des amitiés qui affectent l’interprétation des résultats du chercheur.» »
Jonathan Kimmelman, bioéthiste à l’Université McGill, estime qu’un «équilibre des pouvoirs» (chèques et contrepoids) Au sein des établissements et des revues scientifiques, il est possible de détecter les conflits d’intérêts et de minimiser leur impact sur la recherche. «La majorité des médicaments cliniques sur les médicaments sont financés par des sociétés pharmaceutiques. Si nous interdisons un financement privé, cela aura un impact majeur sur la quantité de nouveaux médicaments.» »
Une stratégie adoptée par les grandes revues scientifiques médicales telles que JAMA ou Journal de médecine de la Nouvelle-Angleterre est d’accepter uniquement des études qui, dès le début, ont été inscrites dans un registre fédéral des études cliniques. Cela permet de détecter des études qui ont donné des résultats négatifs et qui n’ont pas été soumis pour publication.
Lire l’article New York Times (En anglais)
Apprendre encore plus
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- 80%
- Par financement privé dans la recherche pharmaceutique aux États-Unis
Source: Journal of Medical Economics
- 5%
- Proportion de financement public des National Health Institutes of the United States (NIH) qui est consacré à la nutrition
Source: Institut de nouvelle pensée économique
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- 50%
- Partie du secteur privé en R&D aux États-Unis en 1980
Source: CSI
- 75%
- Partie du secteur privé en R&D aux États-Unis en 2021
Source: CSI