Fraîchement élu, le député fédéral de Trois-Rivières a suggéré que nous nous retrouvions dans un café dans le centre-ville où elle est arrivée dans le vent, une tisane fumante dans ce matin de la fréquence de frisquette qui n’a pas refroidi son enthousiasme.
Au 1er avril, la date à laquelle le parti libéral a annoncé sa candidature lorsque la campagne électorale était déjà bien lancée, Caroline Desrochers a multiplié les réunions pour démontrer qu’elle était bien plus qu’un candidat «parachuté», comme les médias l’ont présenté pour la première fois.
Vingt-huit jours plus tard, la femme de 52 ans a traversé le premier fil, au plaisir de son proche garde, dans ce cas son conjoint, Danny Myint, et leurs deux enfants, Brave, 17 ans et Maya Lin, 14 ans. Bonjour l’adolescence!
«D’où la date limite pour prendre ma décision», explique-t-elle en souriant.
Caroline Desrochers a convoqué un conseil de famille avant de mettre son nom sur les bulletins de vote dans une conduite à plus de 300 kilomètres de la maison. “C’est loin”, a-t-elle dit à ses adolescents dont la réaction a laissé sans aucun doute… “Allez-y!”
Lundi, son mari et ses enfants ont passé la journée des élections avec elle, mais ont dû quitter Trois-Rivières, avant le dévoilement des résultats, plus tard dans la soirée. Cela dit, son trio a pu célébrer sa victoire avec elle, via un appel vidéo en direct… de Lavaltrie.
La voiture électrique devait être rechargée.
Caroline Desrochers rit en disant à l’anecdote, heureux d’avoir pu partager ce moment avec eux, même à distance.
«Il y avait beaucoup d’émotion!» Confirme celui dont la mère était à ses côtés, fière d’applaudir toute la voie parcourue par sa fille.

Caroline Desrochers a célébré sa victoire avec son équipe, sa mère et sa famille… en direct d’un appel vidéo rempli de fierté. (Stéphane Lessard/Archives Le Nouvelliste)
La petite Caroline a grandi sur la rive sud de Montréal avec un grand frère de dix ans son aîné. Tout d’abord, elle aimait l’école et rêvait de devenir enseignante. Ses quatre cousins pourraient témoigner. «En été, je leur ai fait faire des dictés et des ajouts!»
La petite fille avait 8 ans lorsque ses parents se sont séparés. «Mon père était un camionneur qui voyageait beaucoup dans le pays de l’Est et aux États-Unis. Il était souvent parti», se souvient Caroline Desrochers dont la mère travaillait dans le monde de la restauration.
Caroline Desrochers a commencé ses études universitaires en littérature, mais comme beaucoup de jeunes, la transition vers l’âge adulte a été marquée par des questions. Qui suis-je? Que dois-je faire? Où vais-je?
C’est son «amour» pour la résolution de problèmes qui a fait basculer la balance en faveur de l’économie. Elle avait 24 ans lorsqu’elle a commencé ses études à l’Université Concordia, quelques mois seulement après la mort de son père emportée par un cancer de la foudre.
«Il m’a toujours encouragé, me disant que j’étais bon et intelligent, que je pouvais faire ce que je voulais.»– Caroline Desrochers
À la fin de son baccalauréat, Caroline Desrochers a voulu voyager tout en soutenant sa communauté hôte. La jeune femme a fait un stage humanitaire de six mois au Mexique, avec des enfants dans la rue.
La nécessité d’aider a toujours été présente. Caroline Desrochers a récemment mis la main sur son album de diplômé du lycée, a déménagé pour relire une note de son professeur de français qui avait écrit «Altruist» à côté de son nom.
«Je suis une personne de service», reconnaît la femme qui, à son retour de cette expérience de marquage à l’étranger, a repris la gestion d’Ottawa où elle a accepté un contrat au sommet des Amériques de Québec en 2001. Ce mandat de quelques mois s’est étendu et tracé d’une manière sa carrière internationale.
Trois ans plus tard, Caroline Desrochers a obtenu un poste d’agent des affaires politiques et publiques à l’ambassade du Canada en Haïti. Elle y est restée pendant deux ans, au cours de laquelle elle a rencontré celle qui allait devenir son mari, puis en mission de paix pour les Nations Unies.
Danny Myint vient du nord de la Birmanie (maintenant le Myanmar). Le fils de ce diplomate a grandi en Thaïlande, au Royaume-Uni et aux États-Unis, plus précisément à New York où il est revenu vivre en 2006 avec ce qui a maintenu ses fonctions de relations diplomatiques tout en faisant une maîtrise en études médiatiques… et deux enfants.
«J’étais productif!» Rit le député dont les enfants étaient respectivement de 4 ans et 1 an lorsque la famille a été transférée à Ottawa avant de retourner à la Big Apple en 2015, lorsque Caroline Desrochers est devenue directrice du consulat général du Canada à New York.
La petite famille y est restée jusqu’au début de la pandémie au printemps 2020. Elle a depuis été installée dans la municipalité de Chelsea, à environ quinze kilomètres d’Ottawa.
Je vous épargne la description détaillée de son curriculum vitae franchement impressionnant, mais pour résumer, Caroline Desrochers a le ministère des Affaires mondiales Canada sur le cœur. Elle a travaillé comme directrice générale de l’équipe de transformation lorsque l’appel à la politique a été entendu.

Au cours de la campagne électorale, Caroline Desrochers s’est présentée comme économiste de la formation avec plus de vingt ans d’expérience pour défendre les intérêts des Canadiens. (Stéphane Lessard/Le Nouvelliste)
La campagne électorale a été une succession de réunions avec les parties prenantes de l’économie, de l’industrie et du secteur de la recherche qui, chacune à leur manière, a confirmé leur «engouement» pour les trois rivières.
«Avec les connaissances et les compétences que j’ai, c’est le bon endroit pour moi!»
Caroline Desrochers est également affectée par les problèmes socio-communautaires, notamment la crise du logement et l’augmentation de l’itinérance, une réalité qu’elle connaît personnellement…
«J’ai travaillé avec les enfants dans la rue, mais j’ai aussi un cousin, maintenant décédé, qui se rendait pendant de nombreuses années en raison de problèmes de consommation et de santé mentale.»– Caroline Desrochers
Pour trouver des voies de solutions, l’ancien stagiaire humanitaire a l’intention de jouer un rôle de rassemblement entre les différents niveaux gouvernementaux et les organisations qui luttent contre l’itinérance.
Altruiste un jour, toujours altruiste.
«Cela m’appelle, ce que les gens vivent. Ce n’est pas seulement parce que cela sonne bien dans une interview.»– Caroline Desrochers
Dimanche dernier, la veille du jour du scrutin, Maya Lin a passé l’après-midi devant la rivière qui borde le district de Trois-Rivières où l’adolescente a distribué des tracts invitant les électeurs à voter pour son candidat préféré.
Faites une pause avec cette jolie vue lui a sans aucun doute rappelé la rivière Gatineau qui longe un chemin à quelques pas de la maison, à Outaouais.
Sa mère était à nouveau là au cours du dernier mois, il est temps de venir obtenir une deuxième valise, puis reprendre la course à trois qui émergeait à Trois-Rivières.
Maintenant que les électeurs l’ont choisi pour les représenter, Caroline Desrochers recherche un Pied-à-Terre. Sa famille viendra le rejoindre là-bas et pendant les vacances scolaires, entre ses aller-retour à Ottawa où le calendrier des séances hebdomadaires à la Chambre des communes devrait lui permettre de prendre le petit déjeuner avec ses enfants.
La femme se considère chanceuse de pouvoir compter sur son conjoint dont les activités professionnelles, généralement en télétravail, lui permettent de surveiller leur clan en son absence.
«J’élève mon chapeau!» Elle lance, ayant également une pensée pour son père qui lui a dit que tout était possible, qu’elle ne devrait pas se mettre des limites.
C’est ce que Caroline Desrochers répète aujourd’hui à ses adolescents heureux de vivre avec elle cette nouvelle aventure qui donne un petit vertige, un beau vertige comme une réconciliation familiale-politique.