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La fin de la gestion de l’offre pourrait coûter cher -.

Le Canada est l’un des derniers pays à maintenir un système pour fournir l’offre dans l’agriculture. En place depuis plus de 50 ans, ce modèle fait l’objet d’une pression commerciale croissante, en particulier des États-Unis. À une époque où les nouvelles concessions sont craints, ce système devrait être préservé, le réformer ou le mettre fin? Et à quel prix?

Au Canada, le système de gestion de l’approvisionnement régit la production de lait, d’œufs et de volaille. Son objectif est de maintenir un solde entre l’offre et la demande, de stabiliser les prix et de garantir des revenus décents pour les producteurs agricoles.

C’est un système qui s’est fait ses preuves et qui garantit également la sécurité alimentaireSpécifie Daniel-Mercier Gouin, professeur à la retraite d’agroéconomie à l’Université Laval.

La fin de la gestion de l’offre pourrait coûter cher -.

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Daniel-Mercier Gouin, expert en agroéconomie et professeur à la retraite à l’Université Laval. (Photo des archives)

Photo: Radio-Canada / Matches Chouinard

Ce système est basé sur trois éléments essentiels:

  • Tout d’abord, il offre aux producteurs des prix garantis qui couvrent leurs coûts de production.
  • Ensuite, il a établi des quotas, qui constituent le cœur du système.
  • Enfin, le marché canadien du lait, des œufs et de la volaille est protégé par des prix importants à l’importation, qui atteignent jusqu’à 300% pour certains produits laitiers.

Comment les quotas sont-ils calculés?

Dans le cas du lait, un quota correspond à la production de 1,2 kg de graisse par jour, plus ou moins la production quotidienne d’une vache. Pour simplifier, on peut imaginer qu’un producteur qui a un troupeau de 100 vaches a entre 100 et 120 quotas.

Pour les œufs, un quota représente une poule ponde. Dans la volaille, les quotas sont calculés en mètres carrés de surface de production.

Quel que soit le secteur – lait, œufs ou volaille -, les quotas sont ajustés chaque année pour suivre l’évolution de la demande et des changements démographiques.

Cependant, au cours des négociations commerciales avec les États-Unis et l’Union européenne, les ouvertures ont été concédées dans ces secteurs.

Par exemple, aujourd’hui, entre 10% et 14% du marché des produits laitiers canadiens est désormais accessible aux importations. Cette ouverture permet l’entrée d’un certain volume de produits étrangers sans prix; Les droits élevés ne s’appliquent qu’au-delà de ces seuils.

C’est cette ouverture progressive qui suscite une préoccupation croissante parmi les producteurs agricoles soumis au système de gestion de l’offre, qui craint que cela ne conduise finalement à son démantèlement.

Valeurs de quotas qui explosent

Chaque année, selon l’évolution du marché, les autorités ont établi un quota de production national dans chaque zone de production sous gestion de l’offre qu’ils distribuent gratuitement aux agriculteurs déjà actifs. Ces quotas peuvent parfois être réduits, mais ils augmentent généralement, portés par la croissance démographique et par la demande alimentaire.

Les vaches sont alimentées par un distributeur automatique.

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Pour une ferme d’une centaine de vaches, les quotas laitiers peuvent valoir jusqu’à 2,4 millions de dollars, selon Michel Saint-Pierre. (Photo des archives)

Photo: Canadian Press / Christinne Muschi

Dans le secteur laitier, par exemple, les quotas ont augmenté d’environ 27% au cours des dix dernières années. Même s’ils sont attribués gratuitement, ces quotas gagnent de la valeur sur un marché parallèle.

Lorsqu’un producteur vend sa ferme laitière, il crée la terre, les bâtiments et les quotas, c’est-à-dire les droits de production.

Les premières transactions ont été effectuées à des prix dérisoiresExplique Michel Saint-Pierre, ancienne assistante locale de l’agriculture au Québec et aujourd’hui co-présidente du Jean-Garon Institute, un groupe de réflexion sur les questions agricoles. J’étais à la banque et j’ai financé la première transaction en volaille dans les années 1970. Il a été vendu pour 2,50 $ par mètre carréIl se souvient.

Les œufs sont analysés et nettoyés à la ferme Richard ET Fils, à Abitibi.

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Les œufs de consommation, les œufs d’incubation, le lait et ses produits dérivés, le poulet et la dinde sont des produits soumis à la gestion de l’approvisionnement.

Photo: Radio-Canada / Jean-Michel Cotnoir

Aujourd’hui, un quota dans la zone de volaille se situe entre 1 500 $ et 2 500 $ par mètre carré dans un bâtiment au Québec. Il est encore plus cher ailleurs dans le pays. Dans le secteur des œufs, le quota est estimé à 245 $ par couche. Dans le secteur laitier, il faut 24 000 $ par quota et jusqu’à 50 000 $ dans l’Ouest canadien, où les fermes laitières sont moins nombreuses.

Faites le calcul: si je veux vendre ma ferme au Québec ou en Ontario avec une centaine de vaches, donc environ 100 quotas laitiers, à 24 000 $ par quota, il représente déjà 2,4 millions de dollars. C’est seulement pour les quotas. Nous n’avons même pas encore parlé de la valeur du terrain ou des bâtiments.

Une citation de Michel Saint-Pierre, co-president of the Jean-Garon Institute

Bulle de la dette?

Selon les estimations, la valeur totale des quotas liée à la gestion de l’offre au Québec se situe aujourd’hui entre 12 et 15 milliards de dollars. C’est une valeur complètement artificielleestime Michel Saint-Pierre, qui s’inquiète des conséquences de ces montants sur la concentration des fermes et sur la dette agricole.

Les fermes du Québec sont presque deux fois plus endettées que la moyenne canadienneIl dit sur la base des données statistiques du Canada. La gestion de l’offre assure une certaine stabilité des prix, ce qui facilite l’accès au crédit. Résultat: les boîtes et les banques acceptent de se prêter en fonction de la valeur des quotas, parfois jusqu’à 50% de cette valeur.

Une ferme, des silos et des champs à Sainte-Brigitte-des-Saut.

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Le PDG de Desjardins, Guy Cormier, craint que la «prochaine gestion de la grande crise» ne se produise dans le monde agricole.

Photo: Radio-Canada

Il y a quelques mois, Guy Cormier, président et chef de la direction de Desjardins, a averti, lors d’une interview avec un journaliste de la presse canadienne, qu’une crise grave pourrait émerger du secteur agricole. Selon lui, les menaces américaines contre le système de gestion de l’offre sont inquiétantes.

Michel Saint-Pierre craint également la fin de la gestion de l’approvisionnement et son effet pour les agriculteurs qui ont des quotas.

Il illustre sa peur par une analogie: Le jour où Uber est arrivé dans le secteur des taxis, que disent les chauffeurs, en particulier le plus jeune? Ils l’ont trouvé fou. “J’ai payé 200 000 $ pour obtenir un permis de taxi à Montréal”, ont-ils déclaré. Et soudain, Uber arrive. C’est l’ouverture des marchésexplique-t-il.

Déjà, la Fédération des producteurs de lait a plafonné toute augmentation de la valeur des quotas. Du côté des producteurs d’œufs, les nouveaux quotas n’ont pas eu de valeur depuis plusieurs années.

Dans le secteur de la volaille, des mesures similaires seront mises en œuvre cet été pour superviser l’augmentation de la valeur des quotas.

Le prix pour abandonner ce système?

La Nouvelle-Zélande est souvent citée comme exemple car elle a été la première à ouvrir pleinement son marché agricole en 1985. Ce pays s’est rapidement réorienté vers l’exportation en se concentrant sur les coopératives centralisées.

Vous ne pouvez pas comparer la Nouvelle-Zélande au Canadacroit l’ex-professionnel Daniel-Mercier Gouin. C’est une île avec un climat de Clement qui nécessite moins de bâtiments, et les Néo-Zélandais ont développé le marché des exportations il y a 40 ans.

L’Australie, pour sa part, a aboli son offre de l’offre en 2000. Pour atténuer le choc dans le secteur laitier, le gouvernement a établi une taxe temporaire de 11 cents par litre de lait pendant huit ans. Ces fonds ont été utilisés pour soutenir les producteurs pendant leur transition. Cependant, malgré ces mesures, plusieurs producteurs ont quitté l’industrie.

Enfin, l’Union européenne a également mis fin à la gestion de l’offre en 2015.

Une ferme volaille, une cour extérieure et de nombreuses fenêtres.

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La ferme Kipster, à Castenray, aux Pays-Bas, près de la frontière allemande. (Photo des archives)

Photo: Kipster

Aux Pays-Bas, où un marché de quota avec une valeur de marché ressemblait au modèle canadien, le gouvernement a annoncé la fin du système près d’une décennie à l’avance, sans compensation planifiée.

La transition a été difficile, mais les agriculteurs ont eu le temps de s’y préparer.

Entre la réforme et la rupture, un choix de faire

Dans le débat sur la gestion de l’approvisionnement, un point mérite d’être souligné: les secteurs du lait, des œufs et de la volaille ne dépendent ni subventions ni programmes d’aide gouvernementale.

Grâce à ce système, ce ne sont pas les contribuables qui soutiennent financièrement ces productions.

Si nous supprimons la gestion de l’offre, le Canada n’aurait d’autre choix que de suivre l’exemple des États-Unis ou de l’Europe, c’est-à-dire des producteurs subventionnésexplains Daniel-Mercier Gouin.

Les autres secteurs agricoles – pompes, porc ou bœuf – bénéficient déjà de programmes d’aide financés en partie par des fonds publics.

Il n’est pas vrai que nous laisserons les producteurs seuls devant le marché. La vraie question est donc: combien le gouvernement coûtera-t-il un abandon de la gestion de l’offre?

Une citation de Daniel-Mercier Gouin, professeur à la retraite d’agroéconomie à l’Université Laval
Bannière All Terrain.

Un rapport de Benoît Livernoche à ce sujet sera présenté au programme Tout terrain Dimanche à 10 H (Hae) ici D’abord.

Nous ne sommes pas en mesure de déclarer la fin du système ou même de l’affaiblir par des concessions de prix: c’est trop fragileconsidère Michel Saint-Pierre. En plus d’être endetté, nous n’avons pas de conditions gagnantes pour se lancer massivement dans l’exportation.

En effet, au sud de la frontière, le seul État du Wisconsin produit plus de lait que tout le Canada.

Pour le co-auteur du livre Notre agriculture dériveRécemment publié par Leméac Editions, une prise de conscience de la valeur de ce système est essentielle, sans parler de la création de mécanismes pour corriger ses défauts, en particulier en ce qui concerne la valeur des quotas.

Il serait préférable de l’adapter aux réalités actuelles ou de considérer une transition encadrée plutôt qu’une sortie précipitéecroit M. Saint-Pierre.

Nous devons éviter à tout prix pour nous retrouver coincés au pied du mur.

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