Ottawa, l’intégration la plus frappante du Canada dans l’économie nord-américaine est un phénomène qui a commencé il y a près de 40 ans, disent les politologues.
Il est donc faux de prétendre, comme le fait le chef conservateur Pierre Hairy, que la dépendance accrue du Canada envers les États-Unis est la seule faute du gouvernement libéral.
Donner le blâme à Justin Trudeau est même «un peu stupide», souligne Blayne Haggart, professeur de sciences politiques à l’Université de Brock, à St. Catharines. Ce phénomène est un «projet bipartite» depuis la fin des années 1980.
Le désir d’avoir un meilleur accès au marché américain a conduit le préservateur progressiste du Premier ministre, Brian Mulroney, à négocier un accord de libre-échange avec les États-Unis. Ce pacte et ses conséquences sur la société canadienne, la culture et l’industrie étaient devenus le principal problème de la campagne électorale de 1988.
L’accord a été étendu au Mexique quelques années plus tard. Alena et son successeur, l’astuum, ont été conclus par des gouvernements libéraux et conservateurs.
Greg Anderson, professeur de sciences politiques à l’Université de l’Alberta, juge que certaines critiques formulées par M. Poilievre sont justifiées, en particulier celles de la dépendance économique du pays envers son voisin du Sud.
«Il semble que le Canada ne soit pas en mesure de réaliser un projet pendant une certaine période», a-t-il déclaré.
La guerre commerciale lancée par la fiscalité des nouveaux droits de douane par le président américain Donald Trump a renouvelé les intérêts des milieux commerciaux pour investir dans l’économie interne et assurer le trafic est-est dans les ressources énergétiques.
Les conservateurs et les libéraux ont promis, lors de la dernière campagne électorale, à promouvoir la création d’infrastructures pour transporter des ressources à travers le pays et même à l’étranger.
«Il est assez intéressant de noter que l’opinion publique s’est rapidement renversée. Les gens veulent que ces infrastructures soient construites, explique le professeur Anderson. Nous avons pris du recul par rapport à tout cela.»
Le professeur Haggart critique le gouvernement Trudeau pour ne pas avoir compris que la dépendance du Canada à l’égard des États-Unis était devenue plus risquée après la venue du pouvoir de Donald Trump en 2016.
«M. Trudeau n’a pas vraiment réagi à cela, mais je n’ai pas entendu les conservateurs se plaindre non plus. Ils n’ont pas suggéré de réduire la dépendance au marché américain, dit-il. Tout le monde dormait au volant au cours des quatre dernières années.»
La diversification du commerce canadien et la réduction de la dépendance canadienne à l’égard du marché américain seront des tâches difficiles, reconnaîtra le professeur Anderson.
Les produits de différentes régions du pays, comme le bois, la potasse, les pièces automobiles ou l’électricité, sont transportés aux États-Unis, mentionne-t-il. «La gravité de cet énorme marché représente un défi.»
Le professeur Anderson estime qu’il sera également difficile d’éliminer les obstacles interprotrovinciaux du marché.
«Nous y travaillons depuis des décennies et rien ne s’est produit. Il est vraiment difficile d’abolir ces barrières commerciales.»
Selon le professeur Haggart, le prix du renforcement de l’économie canadienne «sera très élevé», mais il semble y avoir un désir populaire d’y parvenir. Il se demande encore si les Canadiens seront prêts à «faire des choix difficiles».