Alors que les tensions géopolitiques s’intensifient, le Canada et ses provinces cherchent à renforcer leur autonomie, en particulier par le développement d’infrastructures stratégiques dans le nord: les barrages hydroélectriques, les couloirs de transport, la modernisation des installations militaires et l’accès aux ressources naturelles sont au cœur des préoccupations.
Publié à 15h00
Marie-Pierre McDonald Vice-président et associé, BC2, collaboration interne *
Essentiel à la souveraineté et à la prospérité du pays, ces projets doivent être basés sur une planification rigoureuse et une consultation efficace pour garantir le développement adapté aux réalités nordiques.
Apprenez du passé
Historiquement, le Canada a développé ses régions nordiques pour affirmer sa souveraineté et exploiter ses ressources. Cependant, plusieurs projets ont été réalisés sans vision à long terme, entraînant des impacts durables sur les territoires locaux et les communautés.
Dans les années 1950, au milieu de la guerre froide, le réseau radar de la ligne de rosée a été construit en cas d’urgence pour surveiller une éventuelle attaque soviétique.
Établi sans consultation sur les territoires Inuit, Déné et Gwich’in, il a transformé le mode de vie des communautés locales et a laissé une contamination environnementale encore présente aujourd’hui. La décontamination de ces sites reste un fardeau financier.
L’expansion hydroélectrique dans le nord du Canadien a également eu des conséquences majeures. Des projets comme James Bay ont transformé les écosystèmes sans considérer leurs impacts sur les populations locales. La perte de terres pour la chasse et la pêche s’est retournée dans les communautés autochtones, tandis que l’accumulation de mercure chez les poissons a eu des effets durables sur la santé et la nourriture. Ces projets démontrent l’importance de la planification adaptée aux réalités locales et la réelle consultation avec les acteurs concernés.
Planification territoriale nordique en mode d’urgence: combinaison de la vitesse et de la consultation
Le Canadien du Nord a souvent été développé sous pression, en réponse à des problèmes économiques et géopolitiques. Cependant, la vitesse et la consultation ne sont pas incompatibles.
Plutôt que d’imposer des projets et accomplis, il est essentiel d’intégrer les communautés locales de la planification. Ce dialogue en amont facilite l’acceptation des projets et maximise leurs bénéfices à long terme. Une coordination intergouvernementale efficace est nécessaire pour éviter les décisions fragmentées et assurer un développement cohérent.
Le Canada ne peut plus improviser son développement nordique. Le changement climatique, la transition énergétique et les tensions géopolitiques dans l’Arctique nécessitent une planification réfléchie.
L’inaction ou les décisions précipitées entraînent des coûts sociaux, environnementaux et économiques élevés, comme en témoignent les infrastructures sous-utilisées et les communautés dépendant d’un seul secteur économique.
Photo Olivier Jean, La Presse Archives
La ville de Tromsø, en Norvège
À cet égard, la Norvège offre un exemple inspirant. Le développement de ses villes arctiques est basée sur une planification intégrée qui équilibre la croissance économique, la préservation des écosystèmes et l’adaptation aux conditions nordiques. Des villes comme Tromsø et Alta bénéficient d’investissements stratégiques dans les infrastructures locales et les énergies renouvelables, tout en intégrant une approche collaborative avec les populations autochtones. Une approche qui pourrait être inspirée par le Canada.
Apprenez du passé pour mieux aller de l’avant
Le Canada a aujourd’hui l’occasion de construire un avenir prospère pour ses régions nordiques. En se concentrant sur une approche agile et inclusive, il est possible de concilier le développement économique, la préservation des écosystèmes et le respect des réalités locales.
Les défis actuels nécessitent des solutions appropriées. La planification rigide et directive ne peut plus répondre efficacement aux besoins des communautés nordiques. Une collaboration active avec les populations locales, l’intégration des avancées technologiques, telles que des capteurs intelligents pour surveiller la fusion du pergélisol et une coopération intergouvernementale efficace permettent d’offrir des solutions plus durables adaptées aux réalités de l’extrême nord.
Le Canada peut concilier l’ambition, la vitesse et la responsabilité. Il ne s’agit pas de choisir entre la consultation et l’efficacité, mais de les intégrer harmonieusement pour construire un développement qui profite à tout le monde et assure une présence forte et durable dans les régions nordiques.
* Cosignataires, Meres of the Team of Collaboration Internage: Fateten Kikano; Susane Havelka ,; Kiana Côté; Patricia Tekahawakhwa Deer; Jill Ann Lance; Maxime Paquet; Madeleine Vollant Ollivier; Caroline Beauchamp; Charlotte Belot; Alexander Julian Bimm; Talia Cohen Slices; Geneviève Henry; Adriana Huerta Nùñez; Marissa Jayawickrema; Rim Lallali; Finnley Mackillop; Clare Milliken; Vincent Rail; Keven Sigouin et Olivier Perron-Collins, Président de BC2Qu’en penses-tu? Participer au dialogue
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