Au cœur de l’allier, la succursale Safran fabrique des équipements de haute technologie pour équiper des avions de combat.
À Montluçon, au cœur de la France – l’industrie française de la défense s’est historiquement développée loin des frontières ennemies – les téléphones restent à l’entrée, et les ateliers évoquent un laboratoire pharmaceutique plus que le bruit des bottes.
La branche de la Défense de Safran, mieux connue pour ses moteurs qui équipent Airbus et Boeing, les best-sellers, ne fabrique pas de grandes armes spectaculaires, mais des accessoires de haute technologie qui les rendent intelligents.
Comme l’Aasm, l’armement modulaire de haute précision, composé d’un kit de guidage et d’une autre propulsion, installés respectivement à l’avant et à l’arrière d’une bombe de 250 à 1000 kg qui n’a pas beaucoup changé depuis la Seconde Guerre mondiale.
Production multipliée par quatre
Cet armement de référence du Rafale français est entré en service en 2008 et surnommé «Wonder Weapon» par les Américains, est utilisé par l’armée ukrainienne, à laquelle la France a fourni plusieurs centaines de ces systèmes.
Entrelable sur les chasseurs MiG-29, SU-25 et Ukrainiens, les bombes équipées de l’AASM seront livrées au taux de cinquante par mois, promises au début de l’année, le ministre des Forces armées Sébastien LeCornu.
Fabrication de précision
Eyes seuls à l’air libre, un technicien ajuste les miroirs du futur gyroscope Safran, un concentré de technologie de quelques grammes destinés à guider les bombes, les véhicules blindés, les avions et les sous-marins sans jamais craindre le brouillage.

La fabrication de gyrolasers s’étend sur plus de 6 000 m2 de «salles blanches», où les employés, entièrement couverts et masqués, ne sont visibles que par les fenêtres et une grille.
«Les particules de peau sont l’ennemi principal» pour la précision de cet équipement, explique Michel Augot, directeur du site, lors d’une rare visite de presse.
Les gyroscopes garantissant la navigation inertielle des AASM les rendent infaillibles face au brouillage. La centrale d’inertie utilise les propriétés physiques trouvées dans le pendule Foucault ou le sommet: en réchauffant les mesures des angles et des accélérations, il restaure la position et la vitesse des systèmes Armaments et les guide dans l’espace, explique Jean-Noël Mahieu, directeur des opérations chez Safran Electronics et la défense.
«Cette fonction est absolument critique en Ukraine où vous ne pouvez pas compter sur le signal GPS car il y a des brouillards russes» qui empêchent sa bonne réception, explique Franck Saudo, président de Safran Electronics and Defence.
Le gouvernement français a demandé à Safran d’intégrer l’AASM dans les chasseurs ukrainiens après que les munitions américaines JMD à GPS Guidance ont raté leurs objectifs. Ce qui a été fait «en moins de quatre mois à l’automne 2023», ce qui permet de «traiter les cibles avec une excellente précision».
Depuis l’invasion de l’Ukraine, la production d’AASM a été multipliée par quatre, avec 830 exemplaires fabriqués en 2024 et 1 200 prévus cette année.
Agilité et vitesse
Pour Franck Saudo, la capacité de Safran, en tant qu’équipe, à s’adapter rapidement aux exigences des conflits actuels constitue un exemple de «l’économie de guerre avant le temps».
Ces profils sont recherchés par la Direction générale des armements (DGA) pour contrebalancer la lourdeur et les longs cycles de l’industrie militaire classique.

L’exploit de Safran dans le combat Anti-Red Sea a été cité cette semaine parmi les succès de l’année 2024 au bilan de la DGA.
Lorsque, à la fin de 2023, les frégates françaises ont été attaquées par des drones houthis à faible coût, des missiles sophistiqués Aster, au prix très élevé, qui sont dessinés pour les détruire. Une défense insupportable à long terme.
«En quatre semaines», Safran a équipé les frégates de Pasteo XLR, un système optronique qui permet «de voir le drone de 40 km et de l’identifier».
«S’il s’agit d’un petit drone, nous l’avons laissé avancer à 10 km et nous le tirons avec un canon de 76 mm plutôt qu’un aster, ce qui réduit radicalement le coût de l’opération», explique Franck Saudo.
Les activités de défense du fournisseur d’équipement seront présentées à la foire internationale de Bourget, qui se tiendra à Seine-Saint-Denis du 16 au 22 juin.
Après un saut de 46% en deux ans de son chiffre d’affaires annuel, avec 3 milliards d’euros, Safran Electronics and Defense a l’intention de poursuivre cette augmentation, en capitalisant sur la sensibilisation aux menaces en Europe et à l’augmentation des budgets militaires.