Ryad Mezzour, ministre de l’industrie et du commerce, a présenté, devant la Commission des secteurs productifs de la Chambre des représentants, le projet de loi relatif à la normalisation, à la certification et à l’accréditation en matière de débonation. La mesure phare introduite par ce projet concerne la nomination d’un «organisme de référence national» responsable de la délivrance des certificats relatifs à la déclaration de contenu en carbone.
L’Union européenne (UE) étant le premier partenaire commercial au Maroc, le royaume, en tant que pays tiers, est particulièrement préoccupé par la question de la décarbonation de son industrie. L’activation du «mécanisme d’ajustement du carbone aux frontières» de l’Europe à travers la phase de transition servira, en particulier, en tant que période d’apprentissage pour les exportateurs marocains. Ce qui s’engage dans des entreprises industrielles (automobile, textile, aéronautique, agroalimentaire, etc.) dans de nouveaux défis si elles souhaitent maintenir leur présence sur les marchés internationaux.
De plus, ils seront confrontés à l’obligation de déclarer les émissions intrinsèques aux produits destinés à l’exportation, prévus pour permettre à l’UE d’atteindre la neutralité climatique. Dans ce contexte, une variété de mesures et d’instruments techniques, financiers et juridiques ont été créés pour soutenir les entreprises dans leur transition énergétique et répondre aux exigences du marché. La composante réglementaire en fait partie sachant que le Maroc vient de renforcer son arsenal légal pour permettre aux opérateurs nationaux de consolider leur position internationale.
C’est dans cette perspective que Ryad Mezzour, ministre de l’industrie et du commerce, vient de présenter, devant la Commission des secteurs productifs de la Chambre des représentants, le projet de loi 75.24 terminant la loi n ° 12.06 concernant la normalisation, la certification et l’accréditation, promulguée le 11 février 2010.
La nomination d’une organisation de référence nationale
Ce projet vise à soutenir les efforts de décarbonisation, grâce à la nomination d’une organisation de référence nationale. Il sera responsable de la délivrance des certificats relatifs à la déclaration de contenu en carbone, conformément aux spécifications normatives approuvées pour renforcer la compétitivité des entreprises marocaines.
Ce texte complémentaire du droit constitue une étape essentielle dans le renforcement de leur capacité à s’adapter à de nouveaux défis liés à la taxe sur le carbone sur les importations, imposées par plusieurs pays.
Notez que la loi 12.06 a établi le cadre général de normalisation, de certification et d’accréditation au Maroc, confiant en particulier au Maroc Institute for Standardisation (IMANOR) la mission de superviser les activités de normalisation et de certification de la conformité aux normes nationales. Son principal objectif est de garantir la qualité et la sécurité des produits et services, de faciliter le commerce et de protéger les consommateurs, en alignant les normes nationales sur les pratiques internationales.
Cependant, le contexte mondial a rapidement évolué avec l’émergence de nouvelles réglementations dans les pays partenaires, en particulier l’UE, avec son mécanisme d’ajustement du carbone (MACF), communément appelé «taxe sur le carbone aux frontières» (CBAM).
Un «passeport vert» pour les exportations
Ces mécanismes exigent que les importateurs se déclarent et, potentiellement, de payer les émissions de carbone incorporées dans certains produits importés. Pour les entreprises exportantes marocaines, cela représente un défi majeur et une nouvelle exigence pour maintenir leur compétitivité.
Il s’agit précisément de répondre à ce défi que ledit projet arrive. Son objectif est de soutenir les efforts de décarbonisation des entreprises nationales en leur fournissant un outil reconnu pour attester de leur performance environnementale. La mesure phare introduite par ce projet est la désignation d’un «organisme de référence national» chargé de délivrer des certificats relatifs à la déclaration de contenu en carbone. Ces certificats en témoigneront, conformément aux spécifications normatives approuvées au niveau national et international, de la quantité de carbone délivrée lors de la production d’une propriété ou d’un service au Maroc.
Cette certification devient alors un «passeport vert» pour les exportations. L’adoption de ce projet de loi et sa mise en œuvre devraient générer plusieurs bénéfices majeurs en commençant par les gains en termes de renforcement de la compétitivité et un soutien à la décarbonation en plus de l’alignement du système de normalisation et de certification marocain sur les exigences du marché international.
Tant de répercussions qui faciliteront l’intégration des sociétés de royaume dans les chaînes de valeur mondiales. Un autre impact positif consiste en un gain en termes d’attractivité des investissements ainsi qu’une garantie de transparence via l’existence d’un organisme national de référence assurant le processus de certification et de normalisation.
Yassine Saber / Eco inspirations