Le groupe britannique accuse le Maroc d’avoir compromis son investissement estimé à 2,2 milliards de dollars, après le rejet de son étude environnementale. L’arbitrage devrait durer environ deux ans.
La société Emmerson plc, portant un projet de potasse dans la région de Khemisset, dans le nord du Maroc, a annoncé qu’elle avait pris une nouvelle scène dans son différend avec les autorités marocaines. Le groupe basé à Londres a officiellement soumis une demande d’arbitrage au Centre international pour le règlement des litiges d’investissement (CIRDI), sous la Banque mondiale. Cette action en justice vise à obtenir une compensation complète après que Emmerson ait envisagé l’expropriation de son projet, dont elle a estimé la valeur à 2,2 milliards de dollars.
La société fonde son approche sur le traité d’investissement bilatéral signé en 1990 entre le Royaume-Uni et le Maroc, et est entré en vigueur en 2002. Elle critique l’État marocain et ses représentants pour avoir violé plusieurs engagements de ce traité, en particulier dans le cadre de la protection des investissements étrangers.
Une procédure a commencé après le rejet de l’étude sur l’impact environnemental du projet
La tension entre Emmerson et les parties publiques marocaines est née à la suite du rejet de l’étude sur l’impact environnemental du projet par la Unified Regional Investment Commission (SUI) à la fin de 2024. Ce refus avait été motivé par une préoccupation concernant la consommation d’eau projetée, jugée incompatible avec les capacités d’eau locales. Face au manque de réponse officielle à sa notification de litige, la société britannique a décidé de recourir à l’arbitrage international.
La demande apportée au CIRDI marque le lancement officiel de cette procédure. Il présente le contexte général du différend ainsi que les griefs formulés par Emmerson. Le cabinet d’avocats Boie Boie Flexner, mandaté par la société, est chargé de superviser le reste du processus. Il s’agit notamment de la formation du tribunal arbitral, de la rédaction d’une mémoire détaillée des plaintes, puis de la préparation des phases suivantes, y compris des échanges écrits et des audiences.
Selon les prévisions communiquées par Emmerson, toute la procédure pourrait être répartie sur deux ans. Un financement spécifique, confirmé en janvier 2025 et doté de 11,2 millions de dollars, a été créé pour couvrir les coûts liés au différend, y compris les frais juridiques ainsi qu’une partie importante des coûts généraux de l’entreprise. À ce jour, une première enveloppe de 850 000 livres sterling (environ 10,7 millions de dirhams) a été mobilisée.
Le projet Khemisset est le principal atout d’Emmerson. Il s’appuie sur des ressources estimées à plus de 311 millions de tonnes, avec une teneur moyenne de 10,2% dans l’oxyde de potassium. L’étude économique préliminaire publiée en 2018 avait placé Khemisset parmi les projets de potasse les plus compétitifs en termes de coûts dans le monde. Son emplacement a également été présenté comme un actif logistique pour servir les marchés africains et européens.
La société a déclaré qu’elle publierait de nouvelles informations à mesure que la procédure évolue. Du côté marocain, aucune réaction officielle n’a encore été rendue publique.