
Lundi après-midi, lorsqu’une vaste échec de puissance a frappé le sud de la péninsule ibérique, le Maroc a activement contribué à la reprise du réseau d’espagnol d’électricité. Jusqu’à 38% de sa capacité de production ont été mobilisés pour transporter l’électricité vers l’Espagne via les deux lignes d’interconnexion situées sous le détroit de Gibraltar.
Habituellement, l’importateur d’électricité nette d’Espagne, le Maroc a inversé le flux d’énergie à la demande du gestionnaire de réseau espagnol. À la fin de la journée, le pays a exporté 519 mégawatts au nord, après avoir importé 778 mégawatts plus tôt pendant la journée, selon les données de la plate-forme Electricity Maps. Ce soutien représentait environ 5% de l’électricité disponible en Espagne à l’époque, mais a été salué comme un geste significatif de solidarité.
L’interconnexion entre les deux pays est basée sur un double système de sept câbles sous-marins reliant la station Fardioua, près de Tanger, à celle de Tarifa, en Andalousie. Ce lien opérationnel depuis 1988, dont la capacité maximale atteint 1 400 mégawatts, devrait être renforcée à partir de 2028 par deux nouvelles lignes. L’objectif: sécuriser l’approvisionnement énergétique du Maroc tout en consolidant la stabilité des échanges électriques transmediterranéens.
Pour répondre rapidement à la demande espagnole, le Maroc a redémarré plusieurs centrales thermiques, fournie en charbon et en gaz naturel. L’impact sur son propre réseau est resté limité à quelques coupes occasionnelles dans le nord et l’est du pays.
Si les perturbations causées par la rupture en Espagne, au Portugal et en France n’ont pas affecté le trafic aérien marocain, ils ont néanmoins perturbé certains services numériques, y compris ceux d’un opérateur dont les principaux serveurs sont hébergés en Europe.
Les interconnexions électriques entre le Maroc et ses voisins européens ont à nouveau démontré leur rôle stratégique et leur capacité à opérer dans les deux sens. Ce n’est pas une première: en 2022, le gazoduc Maghreb-Europe avait été réactivé dans la direction opposée, permettant au Maroc de transporter du gaz réguisé en Espagne vers ses propres centrales électriques.
Dans une vision de la transition énergétique, le Royaume vise à porter la part des énergies renouvelables à 52% de sa capacité installée d’ici 2026, contre 42% aujourd’hui. Le gaz naturel reste une énergie de transition, en attendant le développement du secteur de l’hydrogène vert. Une infrastructure stratégique est également en construction: un terminal pour le stockage et la régzéification du GNL au port de Nador West Med, prévu pour 2027.