
Les autorités nigérianes ont réitéré leur entreprise de réprobation des traitements infligés par l’Algérie aux migrants subsahariens, accusant Alger d’abandon massif aux frontières du désert et manifestent les violations des principes élémentaires de la dignité humaine.
Selon les médias d’État de Niamey, cette dénonciation a été apportée par des hauts fonctionnaires, au premier plan dont le ministre de l’Intérieur, qui a officiellement saisi l’Organisation internationale de migration (OIM). Les autorités nigérianes critiquent leur voisin du Nord pour avoir fait des expulsions unilatérales, sans coordination préalable et dans des conditions qualifiées comme inhumaines.
Selon plusieurs associations pour la défense des droits fondamentaux, plus de 5 000 migrants africains auraient été transmis en bus, puis livrés à eux-mêmes dans les étendues du désert à la frontière nigériane, sans ressources ni assistance. «Ces personnes sont réprimées sans assignation, dans l’indifférence la plus glaciale»ont rapporté la radio nationale du Niger, citant une source gouvernementale.
Cette politique d’expulsion est, selon de nombreux observateurs, s’accompagne d’un rebond concernant les remarques xénophobes sur les réseaux sociaux algériens, exacerbant les tensions entre Alger et ses voisins sahéliens.
Le Niger, de concert avec ses alliés au sein de l’alliance des États du Sahel (AES) – à savoir le Mali et le Burkina Faso – avaient déjà condamné l’Algérie après qu’un drone malien engagé dans une opération de surveillance anti-terroriste dans le nord du pays a été abattu par les forces algériennes. En réponse, les trois pays ont rappelé leurs ambassadeurs, conduisant Alger à interdire le survol de son territoire par des vols maliens. Bamako a, en retour, pris des mesures similaires.
Dans le même temps, l’hostilité envers les ressortissants subsahariens est amplifiée en Algérie. Les sociétés de transport, publiques et privées, leur refuseraient l’accès à leurs services, selon plusieurs témoignages. Une partie de la jeunesse algérienne, aussi confrontée à un exode périlleux à l’Europe, semble susciter cette animosité dans un climat délétère.
Certains hauts fonctionnaires, dont un ancien chef de gouvernement, ont même attribué aux migrants l’introduction de maladies, alimentant le discours stigmatisant et non fondé, contrairement aux obligations internationales du pays en termes de droits de l’homme.