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Israël a annoncé vendredi qu’il avait bombardé l’environnement du palais présidentiel à Damas. Il a renouvelé son avertissement aux autorités syriennes contre tout dommage à la minorité de Druze en Syrie, après plusieurs jours de violence mortelle.
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02 mai 2025 – 14:47
(Keystone-Ats) Le chef religieux de Druze le plus influent en Syrie, Cheikh Hikmat al-Hajrin, avait dénoncé jeudi soir une «campagne génocidaire» visant les «civils» de sa communauté, après la violence confessionnelle entre les groupes armés liés au pouvoir et aux combattants druzes qui ont laissé plus de 100 morts, selon une ONG.
Des représentants des autorités religieuses et des groupes armés se sont rassemblés à Soueïda, une région avec une majorité de Druze dans le sud de la Syrie, pour leur part, ils ont réaffirmé qu’ils ont rejeté «n’importe quelle division» du pays. Vendredi à l’aube, des avions israéliens ont mené une grève entendue à travers la capitale syrienne, selon un correspondant de l’AFP. Cela visait «un secteur voisin du palais d’Ahmad al-Chareh», le président syrien, a annoncé l’armée.
“C’est un message clair envoyé au régime syrien. Nous n’autoriserons pas les forces (syriennes) à être envoyées au sud de Damas ou ne menacerons de toute façon la communauté des Druzes”, a déclaré le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense, Israel Katz. “Nous avons été réveillés à 4h00 par une explosion”, a déclaré Ahmed, comptable de 55 ans qui n’a pas donné son nom de famille. «Malheureusement, nous sommes habitués aux explosions et aux frappes aériennes sur Damas. Maudites sont-elles».
“Forcer”
Israël, un pays proche de la Syrie avec laquelle il est en état de guerre, avait menacé d’agir «avec force» si Damas ne protégeait pas sa petite communauté de Druze et avait déjà mené une grève dans le domaine de la capitale sous la forme de «avertissement» mercredi. Depuis la venue au pouvoir, le 8 décembre d’une coalition dirigée par des islamistes sunnites, Israël a pris la cause du Druze de la Syrie, installé principalement dans le sud du pays.
Cette communauté ésotérique, également établie en Israël et à partir d’une branche de l’islam chiite, est considérée avec méfiance par les nouvelles autorités syriennes. Depuis la chute du président Bashar Al-Assad, Israël a mené des centaines d’attaques sur des sites militaires en Syrie et a envoyé des troupes dans une zone démilitarisée du plateau de Golan.
Selon l’analyste indépendant Michael Horowitz, Israël, «en se plaçant comme un protecteur de la communauté des Druze, espère être à la fois des alliés locaux, en particulier dans le sud du Syrien, mais aussi de peser dans l’équilibre à un moment où l’avenir de la Syrie reste incertain».
Attaque de groupe armé
Lundi soir, les combats ont éclaté à Jaramana, une banlieue de Damas avec une majorité de Druze, à Sahnaya, à 15 kilomètres au sud-ouest de la capitale, où vivent les Druze et les chrétiens, et à Soueida, tuant 102 morts dans les deux camps, selon l’Observatoire syrienne pour les droits humains (OSDH).
Ces combats ont été déclenchés par une attaque de groupes armés affiliés au pouvoir à Jaramana, après la diffusion d’un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire en ce qui concerne le prophète Muhammad. L’AFP n’a pas pu vérifier l’authenticité du message.
Les autorités syriennes, qui ont depuis réaffirmé leur «engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté des Druzes», ont remis en question des éléments qui échappent à son contrôle. Ces combats ont réveillé le spectre des massacres qui avaient fait plus de 1 700 morts début mars, la grande majorité des membres de la minorité alaouite, à laquelle appartient Bashar al-Assad, dans l’ouest de la Syrie, et illustrer l’instabilité qui persiste dans le pays.
«Terrifiée»
Les accords entre les représentants de Druzes et le pouvoir avaient été calmes mardi soir à Jaramana, puis le lendemain à Sahnaya, où les forces de sécurité ont été déployées. “La situation est calme, mais nous sommes terrifiés”, a déclaré Arij, un résident de Sahnaya de 35 ans. «Beaucoup de chrétiens et de druzes ont fui pour Damas. Mais nous restons. Nous n’avons pas d’endroit où aller.» »
Mohamad Halawa, un responsable de la sécurité dans la région de Damas, a déclaré à l’AFP qu’un «cordon de sécurité» avait été installé autour de Jaramana. Selon l’OSDH, le gouvernement a également déployé des renforts dans la province de Soueida.
“Nous ne faisons plus confiance à une entité qui prétend être un gouvernement. (…) Un gouvernement ne tue pas son peuple en recourant à ses propres milices extrémistes, puis, après les massacres, affirmant que ce sont des éléments incontrôlés”, a déclaré jeudi le chef Druze.