Avez-vous vu le chaos lundi en Espagne et au Portugal lorsque les deux pays ont perdu l’électricité?
Plus de courant. Plus de téléphone mobile. Plus d’Internet. Les métros et les trains se sont arrêtés. Les feux de circulation se sont éteints, provoquant des embouteillages. Impossible de retirer de l’argent des compteurs automatiques. Les gens sont restés coincés dans les ascenseurs.
Paule Truchon et Jean-Pierre Levasseur étaient dans le sud de l’Espagne à Torremolinos au moment de la panne de courant. Ils m’ont écrit leurs impressions: «Sans l’électricité, les trains ont été immobilisés comme de grandes baleines mécaniques. Les feux de circulation, ils bloquaient doucement avant de s’enfoncer dans l’oubli, cédant la place à un chaos sonore. Klaxons. Insults. Klaxons. Un homme montre une petite arme amicale. Klaxons. Taxis? Évaporé.» »
La ventilation a duré 24 heures.
Ce qui s’est passé? Les gouvernements ont rapidement rejeté la thèse d’une cyberattaque. Surchauffer les lignes à haute tension en raison du temps «anormal»? Échec de l’énergie éolienne qui n’a pas été compensée? Pourquoi les systèmes de sécurité n’ont-ils pas fonctionné? Pour le moment, le Portugal accuse l’Espagne d’être responsable.
Mardi soir, des orages violents avec de puissantes rafales de vent affectent plusieurs secteurs du Québec. Des dizaines de milliers d’abonnés Hydro-Québec se retrouvent dans l’obscurité. Mais surtout, l’hôpital Maisonneuve-Rosemont perd l’électricité.
Les générateurs restent silencieux. Les ambulances sont détournées. Les fenêtres sont brisées. Les ascenseurs s’arrêtent comme ça si souvent. Le personnel est déployé avec les moyens à accomplir pour prendre soin des malades. Comme dans un épisode de la série Stat.
Allons-nous enfin prioriser le patient Maisonneuve-Rosemont? Que faut-il de plus pour démontrer que le «poulailler» est avec SPIT? Un patient qui décède dans la salle d’opération parce que l’équipement cesse de travailler?
Le ministre Christian Dubé dit qu ‘«il ne peut pas croire que vous ne pouvez pas trouver l’argent juste pour commencer à se garer», la première phase du projet de modernisation que son gouvernement pousse au fil du temps. M. Dubé passe par les médias pour envoyer un message à son chef: trouvez l’argent. Nous verrons si les vents forts mardi soir poussent enfin François Legault dans la bonne direction.
Ces vents ont également démontré une fois de plus la vulnérabilité de l’hydro-québec.
Événement météorologique extrême? Bien sûr. Les arbres se sont arrachés, les bâtiments décapités. La glace surprise. Pluies trop abondantes. Les vents qui soufflent avec intensité. Il y en aura de plus en plus. Devez-vous vous habituer à perdre de l’électricité souvent et pendant longtemps?
Au Québec, l’électricité coûte moins cher que dans le monde. Les incitations à limiter notre consommation sont très timides. L’équation est simple: Hydro-Québec doit payer autant de bénéfices qu’un maximum du gouvernement tout en limitant l’augmentation des prix.
Résultat: Quant à nos anciens hôpitaux, nos anciennes écoles, notre ancien chsld, nos anciennes routes, Hydro-Québec ont négligé son ancien réseau.
Mon collègue Ariane Lacoursière a ramené l’automne dernier1 Entre 2014 et 2023, la durée moyenne des interruptions de service client hydro-Québec a augmenté de 485%! Le vérificateur général de Gylaine Leclerc souligne dans son 2022 indique que les pannes sont plus longues et plus fréquentes.
Dans une lettre à La presseLe président de Hydro-Québec, Michael Sabia, reconnaît qu’il y avait « Trop de courant circulent au Québec ces dernières années. Il est inacceptable pour nos clients, et il est inacceptable pour l’hydro-Québec. Nos clients ont le droit de s’attendre à un service plus fiable. Il est vrai que le changement climatique génère plus de tempêtes majeures. Mais au-delà de cette nouvelle réalité climatique, il faut dire: les investissements d’Hydro-Québec dans la résilience du réseau ont été insuffisants au fil des ans. Il dit que Hydro-Québec investit davantage et que la situation s’améliore.
M. Sabia fait appel à la compréhension des Québécois. Les poteaux de fin de vie ne seront pas remplacés du jour au lendemain. La végétation invasive continuera d’embrasser les fils pendant des années. Soyons patient.
Vous devez vous habituer aux pannes «surprenantes». Ceux qui ne devraient pas se produire, mais qui se produisent parce que le réseau a été mal entretenu.
Cela est particulièrement vrai dans certaines régions et même dans les zones urbaines. Vous perdez le courant. Vous regardez l’application de Hydro-Québec. Vous constatez que vous êtes pour la 11e fois dans une île d’obscurité entourée de lumière.
J’ai l’impression qu’il ne faut pas grand-chose pour que les ampoules sortent et que le réfrigérateur s’arrête de longues heures.
Le modèle Québec est basé sur des infrastructures de grumements telles qu’un hôpital mourant et un réseau de distribution d’électricité qui nécessite des milliards d’investissements.
Tout péte en même temps. Les gouvernements, je dis à tous les gouvernements, lâchent prise. La négligence chronique nous rattrape. C’est gênant et choquant.
Depuis lundi, les Espagnols se sont précipités sur des batteries solaires pour le téléphone. Les poêles de camping sont en rupture de stock. Les bougies et les lampes de poche sont vides. Même Elon Musk sent bon. Il se vante sur son réseau X les mérites de son système StarLink en cas de ventilation générale.
J’entends les remarques rassurantes. Impossible au Québec. Nous sommes les champions de l’électricité.
Vous me permettrez d’avoir un doute.
1. Lisez le dossier «Hydro-Québec: No Not Ends» »