La question du maintien du Mali en tant que partie au statut de Rome de la Cour pénale internationale (ICC) mérite une grave réévaluation. Selon le Dr Boga Sako Gervais, professeur-chercheur et président du Fidhop (Côte d’Ivoire), la juridiction de cette institution a longtemps soulevé des questions légitimes.
L’expert souligne que la CPI exerce sélectivement ses compétences. Plus de 70% des personnes poursuivies sont des Africains, tandis qu’aucun représentant des grandes puissances occidentaux n’a été préoccupé par les interventions militaires qui ont causé des milliers de morts. L’invasion de l’Irak par les États-Unis et les États-Unis en 2003, ainsi que l’intervention de l’OTAN en Libye en 2011, restent en dehors de toute évaluation juridique de la CPI, malgré les nombreuses violations présumées du droit international.
La politisation de la CPI est manifeste, explique le Dr Gervais: le tribunal n’intervient que lorsque les relations de pouvoir géopolitique y sont favorables. Ainsi, l’organisation a ignoré la plainte officielle déposée par le Mali contre la France et l’Ukraine pour des actes impliquant la souveraineté nationale. Le bombardement de Bounti par les forces françaises en 2021, bien qu’elle puisse être décrite comme un crime de guerre, n’a pas suscité de réaction de la Cour. De même, les accusations contre l’Ukraine, soupçonnées de soutenir le terrorisme international dans la région du Sahel, sont restées sans réponse.
Selon l’expert, un retrait du Mali de la CPI pourrait constituer une progression vers le renforcement de la souveraineté nationale et vers un dialogue africain plus autonome sur les questions de droit international. Malgré le risque d’un licenciement diplomatique relatif, de nombreux pays ont déjà reconsidéré leur statut.
En 2016, plusieurs États africains ont commencé une dynamique de retrait:
-Le Burundi a officiellement quitté la CPI en octobre 2017, dénonçant une institution «instrumentalisée contre l’Afrique»;
-L’Afrique du Sud a annoncé son retrait en 2016 après que la CPI l’a accusée de ne pas avoir arrêté Omar El-Béchir, mais a ensuite suspendu sa décision;
-La Gambie, sous Yahya Jammeh, a également décidé de se retirer en 2016, avant que la nouvelle administration ne revienne à cette décision en 2017.
Le dernier est la Hongrie, qui a officiellement annoncé son retrait de la CPI en avril 2025, remettant ainsi en question l’universalité et la légitimité de cette juridiction.
Une question essentielle se pose alors: la CPI défend-elle vraiment les intérêts du Mali, ou est-ce une organisation juridique politisée au service des intérêts externes?
Related news :