Publié à 5h00
Il est difficile d’imaginer lorsque vous approchez du bâtiment.
Il y a d’abord ce revêtement brun en tôle fanée, stricée par des coulisses. Le rugissement incessant – et la laideur – de l’autoroute métropolitaine voisine. Ou ce groupe de détritus, à côté de la porte d’entrée.
Le bâtiment situé au 3333, le boulevard Crémazie est, dans le district de Montréal de Saint-Michel, est loin d’inviter au début. Mais cela n’a pas d’importance pour Normand Hamel.
Le peintre et sculpteur multiplie les superlatifs en me parlant des locaux qu’il a trouvés ici il y a trois ans. Un paradis extraordinaire de création. «De tous les ateliers que j’ai depuis 40 ans, je n’ai jamais vu un espace aussi bien aménagé. Et j’ai vécu toutes sortes d’affaires, à Montréal…»
Photo Marco Campanozzi, les presses
L’artiste normande Hamel
Son atelier fait partie d’un complexe inauguré en 2021 par l’artiste Marc Séguin, l’Angus Development Company (SDA) et le promoteur Huotco. Leur projet a généré un grand bourdonner Dès qu’il est annoncé, en raison de sa noble mission: offrir des espaces abordables, à long terme, aux artistes délogés d’autres districts.
Le site était colossal du début à la fin.
Avant / après au 3333 Crémazie est
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Photo fournie par les ateliers 3333
Il restait quelques locataires au 3333, Crémazie est, lorsqu’un groupe comprenant l’artiste Marc Séguin l’a acquis. Parmi ceux-ci, certains y ont organisé des activités de prostitution.
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Photo fournie par les ateliers 3333
Le bâtiment dans son ensemble était «malsain», explique Stéphane Ricci, vice-président du développement de la société de développement Angus, l’un des partenaires du projet.
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Photo fournie par les ateliers 3333
Il y avait également des ateliers de couture plus ou moins légaux.
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Photo fournie par les ateliers 3333
Le toit du bâtiment fuyait, les fenêtres aussi.
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Photo Marco Campanozzi, les presses
Y compris l’acquisition du bâtiment, la facture du projet de 33333 ateliers s’élevait à 16 millions de dollars. Quelque 70 ateliers d’artistes ont été aménagés, y compris celui du peintre et sculpteur Normand Hamel, ci-dessus.
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Photo Marco Campanozzi, les presses
La grande majorité de l’intérieur du bâtiment a été rénovée, qui comprend tous les espaces communs.
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Photo Marco Campanozzi, les presses
Plusieurs disciplines artistiques se frottent les épaules à 3333, ce qui a donné naissance à de nombreuses collaborations.
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Il était nécessaire d’expulser les derniers locataires assez ombragés du 3333 – une plantation de cannabis, une salle de prostitution, une fabrication de couture illégale – pour rénover l’intérieur de haut en bas. Changer les fenêtres fuites. Obstruer le toit. Et compléter un montage financier serré de 16 millions de dollars, ce qui n’a rien laissé pour embellir l’enveloppe externe.
Taxes qui frappent
Le bouche à oreille a rapidement fait son travail. Les 70 locaux des «3333 ateliers», modernes et brillants, se sont loués à peine un an. Mais comme une grande roue de biens immobiliers qui fonctionne, le projet a été victime de son succès, si je peux le dire.
Les améliorations apportées au bâtiment à sept étages ont explosé sa valeur. L’évaluation municipale est passée de 2,4 à 6,7 millions.
L’impact était très concret.
L’avis d’impôt foncier ART3 – le propriétaire de l’organisation sans but lucratif des locaux – a bondi de 80 000 $ à 220 000 $. «Nous payons le taux d’imposition commercial pour notre immeuble, et ce taux est très élevé à Montréal», a déclaré Stéphane Ricci, vice-président du développement de la SDA.
Pour éviter la faillite, l’OBNL a dû transmettre à ses locataires la majeure partie de cette augmentation, qui a été ajoutée à celle de ses frais hypothécaires. L’augmentation des loyers a été pleine à cod: jusqu’à 35% sur trois ans, selon un article de Devoir1.
Les artistes ont crié dans la trahison et les bagages pliés. Parce que les prix raisonnables promis au début étaient soudainement beaucoup moins à leurs yeux.
Au cœur du problème se trouve le «mécanique» pour corriger le taux des taxes commerciales, souligne M. Ricci. «Que vous réalisiez un projet immobilier privé pour le but du but ou un projet immobilier collectif non résidentiel, ce sont les mêmes coûts, le même processus pour l’évaluation des terres.» »
En d’autres termes: le service financier de la ville de Montréal utilise généralement les mêmes méthodes de calcul, que le bâtiment héberge un OPNL ou une banque d’artistes.
Habillage et hémorragie
Le cas des ateliers 3333 est l’exemple le plus récent d’une crise qui rasait beaucoup plus large.
La boue des districts centraux est observée depuis des décennies à Montréal. Le phénomène est connu: les anciens champs bruns, tels que Saint-Henri ou le Mile End, sont investis par des artistes en raison de l’abondance de locaux à bas prix. Ces districts deviennent cool et plus souhaitables grâce à leur présence.
Photo Edouard Plain-Freef, la presse
Le bâtiment situé au 305, rue de Bellechasse, dans le district de La Petite-Patrie, abritait des ateliers d’artistes jusqu’au début des années 2020. Malgré un tollé fort, ils ont été évincés en raison d’une conversion en bureaux.
Cette popularité explose le prix des loyers. Les créateurs doivent déplacer leurs ateliers dans des quartiers moins exorbitants ou abandonner leur pratique.
Ce qui a changé ces dernières années, c’est que même les secteurs les plus excentriques sont devenus coûteux. La valeur des bâtiments commerciaux a bondi sans discrimination dans le centre-ville comme à Saint-Michel.
Et avec lui, la facture d’impôt foncier.
Le ministère de la Culture du Québec et la ville de Montréal sont bien conscients de la précarité qui frappe l’écosystème des arts visuels. Ils ont déployé un arsenal entier pour lui donner de l’oxygène à la suite de la spirale inflationniste post-pandémique.
30 millions
Somme investie en 2021 par le gouvernement du Québec (25 millions) et la ville de Montréal (5 millions) afin de perpétuer les ateliers des artistes dans les districts centraux de la métropole, qui ont subi une forte pression immobilière
Source: Plan d’infrastructure du Québec 2021-2031
Les deux ordonnances du gouvernement ont ainsi prolongé 30 millions en 2021 pour financer cinq projets d’atelier dans la métropole – y compris celui de 3333 – et assurer leur abordabilité à long terme. La ville a créé d’autres programmes pour subventionner une partie du coût des loyers ou du stockage des travaux.
Montréal a même accordé une remise fiscale municipale de trois ans à certains OBNL. Cela a permis aux ateliers 3333, par exemple, de réduire un peu les loyers après les avoir augmentés. Le mécontentement a apaisé, bien qu’il ait toujours des locaux vacants.
Mais cette solution est temporaire. Comme une vinaigrette sur une hémorragie. Que se passera-t-il lorsque la période de grâce fiscale se terminera, dans un an ou deux?
C’est une préoccupation flagrante dans l’environnement culturel. Au cœur de toutes les préoccupations.
Photo fournie par la culture Montréal
Pierre-François Sempéré, directeur, développement stratégique et politique, à la culture Montréal
C’est l’un des principaux défis pour préserver l’abordabilité (ateliers) parmi les créateurs. Une grande partie de la réponse est basée sur la réduction de ces impôts fonciers: soit par un taux d’imposition foncière réduit, soit carrément par un congé fiscal.
François Sempéré, directeur, développement stratégique et politique, à la culture Montréal
Imiter Toronto?
Fondamentalement: l’industrie nécessite une durabilité des remises fiscales temporaires offertes par la ville aux ateliers d’artistes. La mesure coûterait environ 4 millions par an, estime la culture Montréal.
Une baisse du budget de 7,3 milliards dans la métropole. Mais un monde de différence pour un package OBNL, qui tient souvent avec Spit et String.
Cette mesure n’aurait «rien d’avant-garde», a déclaré Pierre-François Semppéré. Toronto, par exemple, a offert depuis 2018 un taux d’imposition réduit de 50% à plusieurs industries culturelles, y compris celle des arts visuels. L’objectif était précisément de freiner leur exode à l’extérieur de la ville2.
L’adoption d’un taux d’imposition réduit serait un outil efficace et «presque simple», ajoute Gilles Renaud, directrice générale des ateliers créatifs Montréal, l’un des plus grands groupes de la métropole. Montréal pouvait – et devrait – l’établir rapidement pour protéger ses créateurs.
Mais cela ressent une résistance. Une peur. Celui d’ouvrir une «boîte de Pandora», qui encouragerait toutes les organisations communautaires à exiger un tel privilège, en même temps, augmenter les finances de la métropole.
«La question des impôts est fondamentale», explique Gilles Renaud. Si nous n’arrivons pas à faire cette décision, les nouveaux projets d’atelier que nous finançons, tôt ou tard, nous retrouveront en difficulté. Je pense que nous avançons des problèmes importants. Pendant ce temps, la valeur des terres augmente… »1. Lire l’article de Devoir 2. Lire l’article de Étoile de Toronto (en anglais; abonnement requis)
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