Par
Nouvelles
Publié sur
4 jamais 2025 à 7h06
Boucher ou laitier au fromage pour les repas du soir, la boulangerie ou la première pour le déjeuner, Amazon ou darty pour les appareils électroménagers… Les consommateurs cadrent de plus en plus leurs achats, ce qui remet en question le long modèle dominant des supermarchés généralistes.
Consommateurs infidèles…
«Le gâteau des grandes zones alimentaires est en cours de réduction», craignait le patron de la coopérative U, Dominique Schelcher fin février, lorsque le quatrième distributeur de nourriture française a présenté son rapport d’activité annuel. «Grâce à la fragmentation, la consommation de nos clients s’échappe vers d’autres circuits.» »
Ces autres circuits peuvent être des spécialistes ultra-fresh tels que la marque Grand Frais, des artisans ou des bouchers, des discounters comme l’action hollandaise ogre…
L’entreprise de conception de Kantar estime qu’un «ménage français fréquente en moyenne 9 marques différentes».
Juste pour la nourriture, Andrea, 29 ans et Eold Bordeaux Executive, favorise trois. Pour les courses volumineuses, elle se rend à Leclerc Drive, elle explique: «C’est plus simple et plus rapide que d’aller stocker», les prix sont «compétitifs», puis «cela m’oblige à acheter l’essentiel et à ne pas être tenté» en magasin.
Elle fréquente également les «petits carrefours» près de sa maison pour le dépannage et les courses de fruits, qui sont «bons et avec un bon rapport qualité-prix».
Et elle va à Lidl pour les petits appareils électroménagers, la décoration et les composants de son régime sportif – «Fromage Blanc, flocons d’avoine, fruits secs, beurre d’arachide. Parce que je trouve qu’ils ont de bons produits dans ce domaine et à des prix attrayants», explique les Bordeaux.
… Mais apparemment une expertise
En 2019, de grandes zones ont capturé 57,5% des dépenses alimentaires françaises. Cinq ans plus tard, cette part est tombée à 54,3%, au profit des «autres circuits», de 17,9 à 21,9%, selon Circana.
Le déficit pour les distributeurs généraux était de 8 milliards d’euros entre 2019 et 2024, figure Emily Mayer, directrice du marché à Circana.
Parmi les gagnants, en plus de ceux déjà mentionnés, Mme Mayer évoque des spécialistes de l’agriculture biologique ou du café, des «experts dans leur domaine» et des «facilitateurs de la vie» en tant que pique-nique marchand en ligne, qui livre à la maison à un prix compétitif.
Neverflow de certains médecins généralistes
Pour Jean-Paul Mochet, président du conseil d’administration du groupe Prosol (poteau aux fruits, légumes, poisson et crémeux de la marque Grand Frais), ce décalage s’explique en partie par une moindre attention de certains généralistes.
“Dans certains supermarchés ou hypermarchés, les rayons traditionnels ou frais ont été réduits à la partie congruente, ce qui laisse de l’espace aux spécialistes”, a déclaré celui qui avant Prosol a travaillé 22 ans pour les marques Franprix et Monoprix du groupe de casino.
Dans Pré-Saint-Gervais et Pantin, dans les banlieues parisiennes, plutôt «Bobo», de petits supermarchés avec des noms appétissants, «Julienne», «Miyam» et «Toutbon», ont fleuri ces dernières années, essayant de rivaliser avec la qualité et les prix des généralistes du secteur, notablement monoprice.
«Notre modèle est de permettre aux clients de faire tous leurs achats dans le magasin, avec les codes des grands détaillants: le libre-service sur tout et un bon rapport qualité-prix», explique Laurent Guardiola, installée entre les paquets de linge et les pommes de terre dans sa petite remise.
Il vient de lancer une deuxième «Julienne» à Aubervilliers, toujours à Seine-Saint-Denis, et a nourri de grandes ambitions. La multiplication des concurrents n’a pas eu d’impact sur son activité, explique-t-il à l’AFP, jugeant les «offres supplémentaires».
Facteur de prix toujours crucial
Miyam a également donné le pari d’une «approche de prix abordable afin que le nombre maximal de personnes puisse consommer des intermédiaires organiques et durables, en limitant les intermédiaires afin de ne pas endommager le producteur», explique à l’AFP Elie Sebbag, son co-fondateur.
Cinq ans après son lancement, la marque compte sept magasins à Paris et près d’une banlieue et garantit que tout le monde est rentable.
Spécialiste en grande distribution, Philippe Goetzmann voit dans la fragmentation des achats d’une dimension sociétale: la consommation est de moins en moins homogène selon le niveau de vie bien sûr, mais aussi l’âge, les condamnations personnelles ou le lieu de résidence.
L’hypermarché qui vend tout sous le même toit est dans ses yeux un héritage des fortes années de croissance. «Dans une société qui cesse de grandir, des individus ou même des communautés s’affirmeront, avec le désir de se différencier.» »
Les acteurs économiques s’adaptent et les marques qui ont émergé depuis quinze ans ne sont que «des marques très rarement destinées à tout le monde». À l’exception des experts à bas prix, un argument clé pris en compte par de nombreux ménages.
Avec AFP.
Suivez toutes les nouvelles de vos villes et médias préférés en vous inscrivant à mes nouvelles.