Le Maroc expérimente un système de santé communautaire innovant depuis 2022 pour améliorer les services de garde maternelle et infantile dans les zones rurales. Initiée par INDH, le ministère de la Santé et de l’UNICEF, ce programme pilote, déployé dans trois régions clés, se concentre sur une seule approche tripartite coordonnant les centres de santé, les maisons de réception spécialisées (Dar al Oumouma) et les relais communautaires pour apporter les soins isolés plus près et surmonter les obstacles géographiques.
Malgré les avancées notables au cours des dernières décennies, le Maroc a été confronté à des défis persistants dans la santé maternelle et infantile, en particulier marqué par d’importantes disparités entre les zones urbaines et rurales.
Selon les données de 2018 citées par la Banque mondiale dans son article à l’occasion de la Journée mondiale de la santé, le taux de mortalité maternelle dans les zones rurales s’est élevé à 111 décès pour 100 000 naissances vivantes, presque deux fois et demie le taux observé dans les zones urbaines (45 décès). De même, la mortalité infantile était 37% plus élevée, atteignant 26 décès pour 1 000 naissances vivantes contre 19 dans les villes. Ces différences s’expliquent en partie par un accès plus limité aux services de santé essentiels.
En effet, seulement 73,4% des femmes rurales accouchent dans les établissements de santé, contre 96% dans les zones urbaines. Les obstacles géographiques et la distance des centres de santé contribuent également à ces inégalités, car les acteurs locaux soulignent comme Najate Nadifi, président de l’Association Riaaya, qui évoque les risques liés aux délais d’accès aux soins aux femmes enceintes. Le taux de retard de croissance chez les enfants de moins de 5 ans illustre également cet écart, atteignant 20,5% dans les zones rurales contre 10,4% dans les zones urbaines.
Lancement d’une initiative pilote tripartite en 2022
Face à cette situation, l’initiative nationale pour le développement humain (INDH), en collaboration avec le ministère de la Santé et de la Protection sociale et de l’UNICEF, a lancé en 2022 un système pilote de santé communautaire.
Ce programme vise spécifiquement à améliorer la santé et la nutrition des enfants et des enfants dans les régions rurales les plus touchées. La phase pilote a été déployée dans trois régions considérées comme prioritaires de la priorité Mellal-Khénifra, Draa-Tafilalet et Marrakech-Safi, un total de 14 provinces et 56 centres de santé ruraux.
La singularité de ce modèle réside dans son approche tripartite, basée sur une coordination étroite entre trois acteurs clés, en particulier les centres de santé ruraux, les structures communautaires appelées Dar Al Oumouma (maternité) et le relais communautaire. Cette synergie vise à créer un continuum de soins et de soutien aux femmes enceintes et aux jeunes enfants dans des zones souvent isolées.
Le rôle central des acteurs communautaires et des structures hôtes
L’appareil est fortement basé sur la participation locale. Les centres de santé fournissent des soins médicaux pendant l’accouchement et le suivi postnatal -Up. Le Dar al Oumouma joue un rôle de premier plan en offrant un logement sûr et un soutien aux femmes enceintes avant et après l’accouchement, en réduisant les risques liés à la distance ou aux conditions de transport difficiles juste avant le terme. Ces structures servent également de lieux de conscience.
Dans le même temps, les relais communautaires, choisis au sein de leur propre communauté pour leur fiabilité, constituent un lien essentiel entre les populations et le système de santé formel.
Formées pour cette mission, ils garantissent la proximité de suivi, de sensibiliser les femmes enceintes à l’importance des consultations prénatales (ciblant au moins quatre visites recommandées) et les orienter vers des centres de santé ou Dar Al Oumouma au bon moment. Depuis 2022, environ 1 000 de ces relais volontaires ont été formés dans les régions pilotes. Leur travail, bien que ayant rencontré des résistances initiales, a progressivement acquis la confiance des communautés grâce au dialogue et à la conscience continue.
D’abord encourageant les résultats et les perspectives de vulgarisation
Les premiers résultats de la phase pilote sont jugés positifs. Entre janvier 2023 et décembre 2024 (période de référence indiquant le potentiel), le système a permis d’orienter environ 285 000 bénéficiaires (femmes et enfants) aux services de santé et de nutrition adaptés.
Les témoignages locaux, tels que celui de Najate Nadifi, signalent une diminution des complications et de la mortalité, ainsi qu’une amélioration significative de la qualité des soins grâce à cette approche mondiale. S’appuyant sur ces succès initiaux, l’Indh, en coordination avec le ministère de la Santé et avec le soutien technique de la Banque mondiale, a développé une stratégie de portée nationale.
Cette stratégie, résultant d’un diagnostic en profondeur de la phase pilote, prévoit de renforcer le modèle programmatique, en particulier par l’intégration d’outils numériques pour la collecte et l’analyse des données afin d’améliorer la surveillance et la prise de décision. Il met également l’accent sur la gouvernance, la durabilité financière et le déploiement progressif de prioriser les domaines en fonction des indicateurs de développement humain, dans le but d’étendre ce modèle prometteur à d’autres localités rurales du Maroc.
Inspirations MI / Eco