Certains citoyens marocains croient que l’organisation de la Coupe du monde n’est pas une priorité et que les fonds alloués auraient été mieux investis dans l’éducation ou la santé. Cette réflexion est logique et légitime, car le sport est un luxe pleinement apprécié une fois que les besoins essentiels satisfaisaient. Cette opinion reflète un véritable attachement à l’intérêt national.
Cependant, en adoptant une vision plus large, l’hébergement de la Coupe du monde peut s’avérer être un choix stratégique, si nous considérons les défis et les opportunités que cet événement mondial représente.
L’organisation de la Coupe du monde est une occasion exceptionnelle d’accélérer le développement des infrastructures au Maroc – un facteur clé pour attirer des investissements étrangers. Les investisseurs recherchent des environnements stables avec une infrastructure haute performance: ports modernes, aéroports efficaces, réseaux routiers fluides. Comme Dubaï, Shanghai ou Maurice, ces régions attirent des capitaux grâce aux lois incitatives et surtout grâce à l’infrastructure de classe mondiale facilitant le commerce et la distribution des produits.
Ces investissements dynamisent l’économie locale, créent un emploi, réduisent la pauvreté et augmentent les revenus publics, ce qui permet d’améliorer les services essentiels tels que la santé et l’éducation.
Investir massivement dans les secteurs sociaux sans générer de nouvelles sources de risques de revenu affaiblir le solde financier du pays. La baisse des investissements publics et privés peut entraîner un ralentissement économique, entraînant un chômage et une aggravation de la pauvreté.
Le danger est réel: sans ressources suffisantes, l’État ne serait pas en mesure de maintenir un niveau satisfaisant d’éducation et de santé, entraînant ainsi une perte sur tous les fronts.
L’école est sans aucun doute la matrice des esprits créatifs. Mais ces talents ont besoin d’un écosystème favorable pour écloser. Les idées à elles seules ne suffisent pas sans infrastructure, financement et opportunités.
L’exemple de Facebook illustre parfaitement ce principe: sans l’environnement dynamique des États-Unis, son succès n’aurait pas été assuré. De nombreux innovateurs, dont des scientifiques marocains, comme Moncef Slaoui, migrent vers des pays offrant des conditions propices à la réalisation de leurs projets.
Pour attirer et retenir les talents, le Maroc doit créer cet environnement économique stimulant, tout en investissant dans le parallèle dans l’éducation et, en particulier, dans la formation professionnelle, qui reste un levier sous-exploité.
La Coupe du monde est également une grande vitrine pour la culture et l’histoire marocaine. Déjà reconnu pour son soft power (soft power) en Afrique, aux côtés de l’Égypte et de l’Afrique du Sud, le Maroc a la possibilité de renforcer davantage son influence culturelle et géopolitique. L’organisation d’un événement mondial en partenariat avec l’Espagne et le Portugal – deux puissances européennes – est en soi une victoire diplomatique majeure.
Une visibilité internationale accrue ouvre de nouvelles perspectives d’investissement, de coopération et de développement du tourisme.
Les retombées de la Coupe du monde dépassent de loin l’afflux de visiteurs pendant la compétition. En mettant en évidence son patrimoine culturel, ses paysages uniques, ses métiers raffinés, sa gastronomie et l’hospitalité légendaire de ses habitants, le Maroc peut transformer cet événement en un moteur durable pour le tourisme.
De plus, le développement des infrastructures aéroportuaires facilitera l’arrivée directe des touristes dans les différentes régions du royaume, revitalisant l’économie locale bien au-delà de 2030.
Idéalement, nous aimerions tous voir une éducation et un système de santé efficaces progresser en parallèle avec l’organisation de la Coupe du monde. Mais les réalités économiques imposent des arbitrages complexes. La bienvenue à la Coupe du monde 2030 est une opportunité stratégique d’accélérer le développement des infrastructures, de stimuler l’investissement et de promouvoir l’image du Maroc à l’international.
La croissance économique et sociale est deux piliers complémentaires. Il est donc essentiel d’adopter une vision mondiale et de comprendre que cet événement n’est pas une fin en soi, mais un levier pour construire un avenir meilleur pour le Maroc.
Par Abderrahman Boukhaffa
05/03/2025 à 7h30